Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,

[Invité]

Nous partîmes, une quinzaine et par la grâce de la pieuvre noire nous n'arriverons pas au port. Je veux dire ainsi, que je renonce à me présenter aux élections municipales. J’habite en Bretagne et non en Corse mais le terrorisme arrive aux mêmes résultats. Bien entendu ici on ne pose pas de bombe, on est plus intelligent, on sait distiller juste ce qu’il faut. Les menaces de mort, les lettres anonymes, sèment dans les esprits la crainte, le repli, la peur au lieu de la révolte. On ne s’oppose pas à un grand propriétaire terrien, qui confisque à son profit le bien commun. Et moi qui croyais naïvement depuis la nuit du 4 août on avait aboli les privilèges…... Pour mémoire je vous rappelle que le 3 août 1789, le duc d'Aiguillon avait lancé au Club breton l'idée de l ’abolition des droits seigneuriaux. Le lendemain, le vicomte de Noailles proposait à l'Assemblée nationale de supprimer les privilèges. 219 ans après notre bon maître peut dormir en paix, tous se plaignent, tous voteront pour lui.
Pour se plaindre ils sont forts, pour agir, plus personne, tant de couardises me dégoûtent. Maintenant le pire c’est de devoir les croiser chaque jour.
Bien entendu on m’a conseillé de retourner dans mon pays, après la réunion d’hier soir, j’avais presque envie de suivre leurs conseils. Le seul problème c’est que je n’ai pas de « pays » comme tout les imbéciles heureux qui sont nés quelque part. Si mon père était Lozériens, moi je suis né à Paris. La France, la France de 1789, s’arrêterait -elle au boulevard périphérique de Paris ?

[Surcouf]

La France, la France de 1789, s’arrêterait -elle au boulevard périphérique de Paris ?

Assurément ! Demande à la duchesse Anne ou au marquis de Pontallec.
Sinon, elle est intéressante ton histoire. Dis nous-en un peu plus.

[Invité]

Imaginez un village de deux cents âmes, enfin quand je dis « âme », j’ai des doutes…Dans ce village une source fournit bon an mal an environ 40 à 50 % de l’eau consommé hors besoin agricole. Eau gratuite, ne nécessitant aucun traitement, si bonne qu’elle avait même intéressé un embouteilleur. Au-dessus de la source un petit bois et un champ à l’abandon depuis une vingtaine d’années pour cause de désertification. Ça c’est pour l’acte un. Acte deux, l’hyper concentration des élevages Porcin à partir de la fin des années 80, nous fait basculer dans le clan des cantons en excédent structurel, comme les trois quarts des cantons Breton. Quesaco allez-vous me dire « l’excédent structurel » ? pour faire simple, les déjections animal sont épandu sur la terre puis enfouie, il existe un seuil à ne pas dépasser, l’excédent structurel c’est justement ce dépassement. Il provoque de nombreuse dégradation dans l’environnement, surcharge de certains composant du sol et pollution des eaux de surfaces par ruissellement, la plus visible, c’est l’algue verte qui entre autres dégrade et empeste la baie de Saint-Brieuc. D’où la recherche frénétique de la moindre parcelle de terre permettant l’épandage. Acte trois, un cultivateur qui est aussi le maire du village achète, les terres situées au-dessus de la source pour augmenter son plan d’épandage. Conséquence le taux de Nitrates explose et atteint le plafond autorisé. Que fait notre bon maire ? il prend immédiatement un arrêté municipal interdisant la consommation de l’eau de cette source et signe un contrat avec une société pour l’approvisionnement en eau de la commune. Merci beaucoup mais nous perdons la gratuité de l’eau puisque maintenant nous sommes obligés d’acheter la totalité de notre consommation sauf les cinq cultivateurs du village disposant chacun d’un puisage. Il y a donc collusion d’intérêt entre le Maire et l’agriculteur puisque c’est la même personne. Cette situation est intolérable et bien personne n’ose s’opposer à cet état, sauf deux imbéciles, votre serviteur et un ami conseillé municipal sortant avec qui j’ai essayé de monter une liste. La moitié du village sans doute par solidarité professionnel et familial, ils sont tous plus ou plus au moins cousin, se serrent les coudes. L’autre moitié « les étrangers » rouspètent ou ne veulent pas savoir, le village est joli, la campagne est belle, les oiseaux chantent, l’immobilier n’est pas trop coûteux, ils travaillent à Rennes, rentrent le soir tard pourquoi se prendre la tête pour si peu de chose……….. Il faut aussi vous raconter qu’il y a 7 ans un beau matin le village c'est réveillé avec des inscriptions sur les routes du style de « A mort l’écolo » etc, pourquoi tant de haine contre quelqu’un, un faucheur de maïs ? non , simplement un habitant avait osé protesté et interpellé publiquement le maire, à propos de l’affichage d’un avis d’enquête public pour une extension d’un porcherie, avis affiché derrière la porte d’entré de la mairie de tel manière que personne ne pouvait le voir. Je vous épargne le récit des lettres anonymes, insultes et autres broutilles…..Pour revenir aux prochaines élections, nous voulions la parité, première difficulté. Nous avons proposé à 6 femmes de participer, deux ont refusé (l’âge, 72 et 74 ans) 4 ont accepté. Puis l’une à prétendu qu’elle ne pouvait pas se présenter contre son cousin, deux ont suivi en prétextant qu’il ne fallait pas diviser le village et enfin la dernière n’a pas voulu rester toute seule………

[Invité]

Beau mémento de ce que la France devient... Nous sommes pas loin de nous faire coloniser par nos propres errements de conscience; Devrons-nous nous voiler la face pour ce rendre compte à quel point le genre humain se laisse pourfendre par des intérêts bien trop personnel, par des conflits territoriaux qui sous le couvert d'un vrai débat deviennent des vrais tribunaux du peuple envers le peuple... Certains doivent bien rire quand l'adage suivant revêt toute sa forme à savoir : Diviser pour mieux régner !

Ainsi lorgnait par sa patience l'oisillon du carillon... Il doit bien rire à l'aube de ces futures élections municipales qui n'ont de municipales que l'éponge qui efface la craie des projets réalistes & reconnus d'utilité publique.

Ainsi va le sot vide de bon sens !

[Invité]

C'est drôle, ça me rappelle quelque chose...
Je ne me représente pas non plus.

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