Chronique 16 Intervention 1
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Chronique 16 Intervention 1
On va faire dans l'angoisse ce matin, et demain. Voilà qu'il me prend l'envie de vous faire "plonger" dans le pire en ce qui concerne la vie doré du MNS...
C'est l'été, les gardons roucoulent, papa et maman sont réconciliés et le sable chatouille entre les doigts de pieds...Oui mais L'horreur rode!
Le titre est froid.
Parce que la chronique aujourd’hui, fait appel à un souvenir qui m’a laissé pendant de longues années de drôles de sensations désagréables…
Quand on se prépare au métier de Maître Nageur, faut pas croire que l’on prend seulement des cours de bronzing et de drague. Le diplôme il y a marqué dessus « Sauveteur ». Ca, c’est la partie à la fois excitante mais aussi un peu inquiétante quand on a 20 piges.
"Excitante, parce que l’on rêve bien entendu d’être les héros qui par leur seule présence et surtout par la technique acquise parviendront à arracher à l’eau la victime aux bras suppliants et paniqués.
Mais aussi inquiétante, parce que les choses ne sont pas aussi faciles que ça !
La technique, c’est bien beau, mais très vite tu te rends compte de la complexité et surtout du coté imprévisibles des interventions. C’est ça qui fait peur. Est-ce que je saurai répondre pile poil à la situation ?
Et tu as beau apprendre par cœur les gestes qui sauvent, les prises de dégagement, les techniques de réanimation…jamais tu sauras vraiment si le jour ou…tu sauras faire !
Et tu vis avec ça dans la tête. Une espèce d’échec par procuration qui se traduit par une angoisse un peu permanente. Il faudrait donc passer aux actes !
Mais passer à l’acte ne dépend pas de sa seule volonté…il faut aussi celle d’une victime ? ? ? Et c’est là que commence cette chronique.
Dans une vie de MNS on fait quelques interventions… Assez souvent la célèbre « tasse » est à l’origine du dérouillage des réflexes du MNS. Jamais grave. Suffit de pas laisser trop tremper.
Il y a les interventions sur accidents…chutes, plongeons débiles, glissades…bref du commun sur lequel on s’adapte.
Mais je voudrais évoquer là, une intervention extrême qui s’est déroulée dans une des piscines de Dijon (Le Parc). Première saison pour moi. Inaugurale. Mon diplôme avait 15 jours.
Les dimanches sont des jours particuliers dans les piscines. Surtout l’été. Une population inconnue débarque. Nous sommes d’autant plus vigilant car les agissements, les comportements peuvent être totalement imprévus. Pour le public, la piscine est une aire de jeux d’où le danger est exclu…Il ne peux rien se passer. Et pourtant…
Le temps est très lourd cet après midi là. Orageux. Nous sommes trois maîtres nageurs à couvrir de notre vigilance les 800 m² du plan d’eau « olympique ». La fréquentation est à son comble, le maxi autorisé atteint.
A l’époque la réglementation sur la qualité des eaux n’était pas aussi exigeante que celle d’aujourd’hui. Il n’était pas rare (surtout par temps lourd et orageux) lorsque vous plongiez votre bras dans l’eau jusqu'à l’épaule, de ne plus apercevoir votre main. Angoisse !
J’avais pris mon poste sur le plongeoir de 3m. Surplomb d’excellence pour surveiller.
La surveillance d’un plan de baignade s’effectue par plans photographiques continus et sectorisés. Avec la pratique on acquiert un sens de ce qui est dans la normalité des images ou pas.
Et soudainement, dans le milieu de l’après midi, rien n’allait plus dans une partie du paysage…
Des dizaines de têtes partout, bien plantées en surface…mais au milieu, juste sous le plongeoir … une masse blanchâtre entre deux eaux , comme un sac en plastique vagabond et à la dérive…
Avant même de savoir de quoi il pouvait s’agir. Avant même la raison, le corps a répondu…
Sans pensée, sans calcul, sans décision. Mon corps se balance dans le vide. Le choc, la pression, le silence soudain oppressant,les bras tendus qui cherchent, les yeux dans le flou d’une eau épuisée et glauque qui ne perçoivent rien, et le contact soudain. Les mains qui enserrent, qui ramènent à elles, qui s’approprient ce qui doit vivre. Surtout ce qui DOIT vivre.
Le corps est petit. Une enfant. J’ai les cheveux qui flottent et s’appliquent sur mon visage. Elle n’a pas de réaction…je n’aime pas cette phase d’acceptation…elle doit vivre !
Je tente de remonter en surface. Nous sommes des athlètes bon dieu… à l’entraînement nous remontons et traînons des mannequins de 75 kgs en rigolant…et là !
Là, j’ai beau pédaler, godiller, faire un rétro d’enfer…rien ! Nous ne remontons pas.
Et je comprends. Mon pied vient de rentrer en contact avec un corps…pas celui de ma petite victime. Un autre, accroché à elle !
La pire galère.
*******
"Pfffou, cet aprém j'vais à la pistache et toi"
" huuummmmm, moi aussi, fais chier...ça rame c't'été""
"ouai...fais chier..."
"Hummmmfais mordre un bout dans ta glace..."
"va chier..."
"blaireau..."
"ta mère..."
"pfffffffça rame c't'été!"
C'est l'été, les gardons roucoulent, papa et maman sont réconciliés et le sable chatouille entre les doigts de pieds...Oui mais L'horreur rode!
Le titre est froid.
Parce que la chronique aujourd’hui, fait appel à un souvenir qui m’a laissé pendant de longues années de drôles de sensations désagréables…
Quand on se prépare au métier de Maître Nageur, faut pas croire que l’on prend seulement des cours de bronzing et de drague. Le diplôme il y a marqué dessus « Sauveteur ». Ca, c’est la partie à la fois excitante mais aussi un peu inquiétante quand on a 20 piges.
"Excitante, parce que l’on rêve bien entendu d’être les héros qui par leur seule présence et surtout par la technique acquise parviendront à arracher à l’eau la victime aux bras suppliants et paniqués.
Mais aussi inquiétante, parce que les choses ne sont pas aussi faciles que ça !
La technique, c’est bien beau, mais très vite tu te rends compte de la complexité et surtout du coté imprévisibles des interventions. C’est ça qui fait peur. Est-ce que je saurai répondre pile poil à la situation ?
Et tu as beau apprendre par cœur les gestes qui sauvent, les prises de dégagement, les techniques de réanimation…jamais tu sauras vraiment si le jour ou…tu sauras faire !
Et tu vis avec ça dans la tête. Une espèce d’échec par procuration qui se traduit par une angoisse un peu permanente. Il faudrait donc passer aux actes !
Mais passer à l’acte ne dépend pas de sa seule volonté…il faut aussi celle d’une victime ? ? ? Et c’est là que commence cette chronique.
Dans une vie de MNS on fait quelques interventions… Assez souvent la célèbre « tasse » est à l’origine du dérouillage des réflexes du MNS. Jamais grave. Suffit de pas laisser trop tremper.
Il y a les interventions sur accidents…chutes, plongeons débiles, glissades…bref du commun sur lequel on s’adapte.
Mais je voudrais évoquer là, une intervention extrême qui s’est déroulée dans une des piscines de Dijon (Le Parc). Première saison pour moi. Inaugurale. Mon diplôme avait 15 jours.
Les dimanches sont des jours particuliers dans les piscines. Surtout l’été. Une population inconnue débarque. Nous sommes d’autant plus vigilant car les agissements, les comportements peuvent être totalement imprévus. Pour le public, la piscine est une aire de jeux d’où le danger est exclu…Il ne peux rien se passer. Et pourtant…
Le temps est très lourd cet après midi là. Orageux. Nous sommes trois maîtres nageurs à couvrir de notre vigilance les 800 m² du plan d’eau « olympique ». La fréquentation est à son comble, le maxi autorisé atteint.
A l’époque la réglementation sur la qualité des eaux n’était pas aussi exigeante que celle d’aujourd’hui. Il n’était pas rare (surtout par temps lourd et orageux) lorsque vous plongiez votre bras dans l’eau jusqu'à l’épaule, de ne plus apercevoir votre main. Angoisse !
J’avais pris mon poste sur le plongeoir de 3m. Surplomb d’excellence pour surveiller.
La surveillance d’un plan de baignade s’effectue par plans photographiques continus et sectorisés. Avec la pratique on acquiert un sens de ce qui est dans la normalité des images ou pas.
Et soudainement, dans le milieu de l’après midi, rien n’allait plus dans une partie du paysage…
Des dizaines de têtes partout, bien plantées en surface…mais au milieu, juste sous le plongeoir … une masse blanchâtre entre deux eaux , comme un sac en plastique vagabond et à la dérive…
Avant même de savoir de quoi il pouvait s’agir. Avant même la raison, le corps a répondu…
Sans pensée, sans calcul, sans décision. Mon corps se balance dans le vide. Le choc, la pression, le silence soudain oppressant,les bras tendus qui cherchent, les yeux dans le flou d’une eau épuisée et glauque qui ne perçoivent rien, et le contact soudain. Les mains qui enserrent, qui ramènent à elles, qui s’approprient ce qui doit vivre. Surtout ce qui DOIT vivre.
Le corps est petit. Une enfant. J’ai les cheveux qui flottent et s’appliquent sur mon visage. Elle n’a pas de réaction…je n’aime pas cette phase d’acceptation…elle doit vivre !
Je tente de remonter en surface. Nous sommes des athlètes bon dieu… à l’entraînement nous remontons et traînons des mannequins de 75 kgs en rigolant…et là !
Là, j’ai beau pédaler, godiller, faire un rétro d’enfer…rien ! Nous ne remontons pas.
Et je comprends. Mon pied vient de rentrer en contact avec un corps…pas celui de ma petite victime. Un autre, accroché à elle !
La pire galère.
*******
"Pfffou, cet aprém j'vais à la pistache et toi"
" huuummmmm, moi aussi, fais chier...ça rame c't'été""
"ouai...fais chier..."
"Hummmmfais mordre un bout dans ta glace..."
"va chier..."
"blaireau..."
"ta mère..."
"pfffffffça rame c't'été!"
Henri- Membre
- Nombre de messages : 594
Age : 74
Points : 6316
Date d'inscription : 14/02/2007
Re: Chronique 16 Intervention 1
Hé alors henri tu les as remontés quand même ou tu as perdu ton souffle aussi et c'est tes collèques qui ont du vous remonter ?
millou- Membre trop actif
- Nombre de messages : 2482
Points : 7682
Date d'inscription : 17/02/2007
Re: Chronique 16 Intervention 1
Mon cher Millou j'aurais préféré laisser ça à mes potes...mais comme tu peux le voir au titre "Intervention 1" il y aura demain "intervention2" donc la suite.
Tu n'auras qu'a assembler le tout et tu auras une superbe histoire a raconter a Noël...
a demain
Tu n'auras qu'a assembler le tout et tu auras une superbe histoire a raconter a Noël...
a demain
Henri- Membre
- Nombre de messages : 594
Age : 74
Points : 6316
Date d'inscription : 14/02/2007
Re: Chronique 16 Intervention 1
C'est pire qu'à la télé avec toutes ses séries voilà que sur les forums il faut attendre demain.
millou- Membre trop actif
- Nombre de messages : 2482
Points : 7682
Date d'inscription : 17/02/2007
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