Jean-Baptiste Rouvière
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Jean-Baptiste Rouvière
je disais sur un autre fil que j'ai malheureusement perdu presque toutes mes recherches sur JB Rouvière. Voici ce qui me reste, les premières pages que j'avais commencé à rédiger (y compris des notes de lectures concernant le nord de la Lozère au 19ème siècle) :
Chapitre I : L'année 1881
En ce temps-là commença, en France, la guerre entre les laïcs et les catholiques, et cette guerre fit rage pendant de longues années. "Ce qui frappe le plus, c'est la virulence des écrits et du vocabulaire", écrivait l'abbé Lemire, député du Nord et partisan de la laïcité.
Cette année-là, la loi française supprime l'obligation du repos dominical.
L'enseignement catholique
En Lozère, jusqu'en 1881, les institutrices sont formées par les religieuses du couvent de l'Union (actuellement couvent de l'Adoration) à Mende. Désormais, elles seront formées à l'Ecole Normale.
La même année, les Jésuites qui dirigeaient le grand séminaire de Mende depuis 1852 sont expulsés par la République. Ils sont remplacés par Charles de Ligonnès (dont nous reparlerons). Le grand séminaire a 105 élèves en 1880.
Le petit séminaire de Mende (actuellement lycée Notre-Dame) a été bâti en 1879.
Le petit séminaire de Marvejols (actuellement collège Notre-Dame) a été créé en 1873 pour remplacer celui de Chirac, une paroisse voisine : on a rénové l'ancien collège universitaire de Marvejols. Ce petit séminaire a environ 120 élèves par an. Le supérieur est l'abbé Blanc.
Langogne aussi a un petit séminaire, celui des Spiritains, mais, peu nombreux et mal qualifiés, ceux-ci ne peuvent accueillir tous les jeunes gens qui voudraient y entrer.
L'évêque de Mende, Julien Costes, déclare qu'il pourrait fournir des prêtres à deux diocèses. En effet la Lozère est le diocèse français qui compte le plus d'ecclésiastiques (en 1878, la Lozère a 1432 consacrés : prêtres, religieux/ses, soit 1 pour 84 catholiques, record national), et il y en aurait encore plus si les Lozériens avaient les moyens financiers de faire faire des études à leurs fils. Les vocations sont nombreuses et de bonne qualité. Auparavant, il y avait des prêtres plus ou moins dans toutes les familles, mais depuis l'abolition des privilèges en 1789, les nobles et les riches ne se font plus guère prêtres…
L'émigration
A cette époque l'émigration commence à se répandre : misère, impôts trop lourds, salaires trop bas, peut-être aussi l’ennui dans les "terres d’abandon".
Au 19ème siècle, le Massif central est très peuplé « alors que la plaine demande des bras, surtout à la saison des récoltes. Le vignoble bas-languedocien connaît sa plus grande extension. L’Aveyron, la Lozère et le Tarn fournissent à l’Hérault, au début du printemps, des centaines de travailleurs pour préparer les vignes, et en automne des milliers de vendangeurs ». Ils partent aussi faire les moissons.
Il s'agit là de départs saisonniers, mais beaucoup partent définitivement : entre 1831 et 1911, 900 000 personnes quittent le Massif central, notamment pour aller à « Paris, si riche en ressources et en miroirs aux alouettes » (Migrations et diaspora, de Rose Duroux, in Massif central, l’esprit des hautes terres, revue autrement (1996)
Les Lozériens
Un auteur du 19ème décrit le paysan lozérien « à l’air sombre, méfiant et vindicatif, s’adonnant volontiers au vin et très friand de procès, même pour se disputer un terrain sans valeur ».
Emmanuel de Las Cases écrivait plus récemment : « Je revois de beaux paysans d’une grande dignité avec des barbes de patriarches, ils maintenaient dans leurs domaines et dans leurs familles sur lesquelles ils régnaient en maîtres absolus, des traditions de travail, de probité et d’honneur ».
« La Lozère surtout est fertile en héroïques moissons. Ses pauvres montagnes portent des âmes charmantes et magnifiques.…La Lozère est le jardin de la vertu. Et c’est un jardin fort bien soigné », déclarera Paul Deschanel, président de la République, donnant en 1905 un prix de vertu à un Lozérien.
« Le Lozérien est routinier, borné mais peu crédule et pas superstitieux. Son long contact avec la terre l’a doté d’un solide bon sens. » « Le paysan tient plus à ses bœufs qu’à sa femme ». « Jusqu’en 1914 le paysan lozérien ne fréquentait pas le médecin. » (Aspects de la vie et du pays lozérien, 1948)
Les Lozériens travaillent très dur, ne se reposent que le dimanche et pour les fêtes : Noël, Pâques, l'Ascension, la saint Jean, la fête du saint de la paroisse. Les foires sont des événements importants. A Marvejols elle a lieu à la saint Martin (le 11 novembre), à Mende à la Toussaint.
La vie communautaire est centrée sur l’ousta, sur la vie patriarcale en autarcie.
Entre eux, les Lozériens parlent "patois" (occitan), mais ils apprennent le français à l'école, et ils l'entendent à l'église depuis la fin du 17ème siècle.
En 1881, la Lozère a 143 565 habitants, soit le double de la population actuelle.
Vie en Lozère au 19ème (notes tirées de L'impossible mariage. Violence et parenté en Gévaudan. 17-18-19è. Claverie/Lamaison)
Maisons massives en granit où tout le monde vit dans une pièce sombre. Promiscuité, saleté, pas de volets ni de vitres (papier huilé et barreaux à la fenêtre), toit de chaume, pas de crépi. Rideaux au lit clos. Peu de feu car peu de bois. Le maître garde la clé des provisions. Beaucoup ne mangent pas à leur faim. Pain, soupe (chou, rave, pommes de terre), légumes crus, pois, fèves, un peu de lard, porc salé les jours de fête, beurre, laitages, œufs, riz, tome, volailles. Ils construisent leur maison eux-mêmes, taillent les pierres. Chaleur des animaux. Des enfants, vieux, journaliers, bergers, dorment dans l’écurie.
Vers 1850 crise du textile, donc misère pour beaucoup. Beaucoup de mendiants.
Laboureur : quelqu’un qui possède une paire de bœufs (maisons aisées)
Ménager : en possède 2, 3 ou 4 paires
Une maison peut contenir 10 ou 15 personnes : plusieurs couples, des frères et sœurs mariés ou célibataires etc. Pour survivre il faut être plusieurs, travailler ensemble.
A 6-7 ans l’enfant commence à garder le cochon, les moutons ou les vaches.
A 8-9 ans il est loué comme aide-berger ou servante.
Deux ou plusieurs frères peuvent avoir le même prénom, on les distingue par des suffixes.
Au 19ème en Lozère un seul hérite mais pas forcément l’aîné, les parents choisissent. L’héritier doit entretenir ses parents, frères et sœurs célibataires.
La vie est dure dès l’enfance, le père est sévère, on vouvoie les parents. Le père décide tout, les travaux, les ventes, il entonne les prières.
Les gens vivent tous ensemble donc ils s’aiment bien mais les hommes battent souvent femmes et enfants (la religion adoucit quand même les moeurs).
De 1815 à 1875 tous les parlementaires lozériens sont royalistes. En 1875 Chambrun : « Le catholicisme, l’armée, l’agriculture, sont les éléments simples, primitifs et conservateurs des sociétés auxquelles la vieille France doit revenir absolument sous peine de dissolution ».
Après 1871, de violentes confrontations dans lesquelles la population est fortement impliquée brusquent un peu la vie politique locale : les instituteurs républicains déclarent leur hostilité aux curés conservateurs, les villages sont divisés, les affrontements violents. L’instit de Chasseradès parle de l’héroïsme dont il faut faire preuve face « aux masses fanatiques aveuglées par l’obscurantisme clérical ». Les écoles laïques brûlent en nombre. La lutte entre « francs-maçons » (flamassous) et conservateurs est colportée dans les chansons populaires en patois.
Les notables ne pensent qu’à acheter des terres et régner sur leur village. Conservatisme : on se contente de réparer les routes et les ponts. « Il faut laisser aller la nature des choses ».
« Avouons toutefois qu’il n’est pas à désirer que dans les campagnes l’instruction prenne une trop grande extension. Les bouviers, les journaliers, les domestiques, les fils de paysans délaisseraient leurs misérables postes pour de meilleurs salaires et prendraient des idées de grandeur en essayant de contrecarrer, par des artifices, la Divine Volonté » (M. Blanchet, grand propriétaire, Rapport sur l’économie régionale, 1843).
La montagne (Margeride, Aubrac), pour marquer clairement son opposition au culte protestant des Cévennes, vouait une dévotion intense aux saints et à la Vierge Marie, patronne de nombreuses paroisses.
Les conflits d’influence Eglise-Etat sont le fond de la politique gévaudanaise du 19ème. Les préfets se plaignent des interventions des curés. Les curés traitent en chaire les hommes du gouvernements de francs-maçons, d’irréligieux, avant les élections ils passent dans toutes les maisons pour dire aux gens de voter à droite. Certains menacent de refuser les sacrements aux mourants qui auraient voté républicain. Certains maires demandent un instit car l’instruction donnée par les curés est insuffisante. Certains curés obligent les républicains à apporter leur chaise à l’église et à payer la messe.
La plupart des vols ont lieu pendant la messe car tout le monde y est. « La participation de tous aux rituels apporte une sécurisation minimale, dans laquelle la communauté légitime et anoblit ses comportements violents ». Le curé arbitre les conflits. « Le prêtre travaillait à empêcher les procès, à étouffer les haines, à réconcilier les familles, et donnait en patois des sermons tout populaires qui changeaient les cœurs ». Mais il dépend aussi des riches car en général il est pauvre. L’Eglise, centre de renseignements sur la qualité et le comportement des personnes. Le notaire aussi est important.
Les femmes sont nourries les dernières dans les maisons, parfois elles volent à manger. On n’aime pas les étrangers. Chaque paroisse a une maison de bienfaisance pour les pauvres. Le traitement des pauvres est en enjeu politique.
Durant 4 ou 5 ans l’enfant partage le lit des parents, puis ils sont entassés sur une paillasse dans le foin de l’écurie. La nuit dans l’écurie, le jour au loin. Beaucoup d’enfants, ils sont donc indépendants. On apprend la méfiance aux filles. La tolérance s’arrête aux projets matrimoniaux où il ne faut pas empiéter. Ceux qui sont destinés à rester célibataires sont libres et n’ont pas à se gêner avec les pauvres filles, domestiques, bergères…Le mariage n’est pas une affaire individuelle.
Les enfants naturels représentent 32% des naissances à Mende entre 1836 et 1845. Les enfants naturels sont mal soignés et meurent trois fois plus que les autres. Ils proviennent aussi de personnes mariées (H ou F).
Les innombrables enfants morts-nés sont parfois des infanticides masqués, surtout dans les familles misérables quand on sait qu’on ne pourra pas les nourrir. On aide un peu la nature (après avoir baptisé l’enfant) mais certains vont plus loin. « Je ne suis pas enceinte, je vais à l’Eglise ». « Je ne crois pas qu’elle soit enceinte, c’est une femme qui fréquente les sacrements ».
Le viol n’est pas vu comme une atteinte à l’intégrité physique et psychologique de la fillette, mais à l’honneur familial. La brutalité sexuelle est la norme. Une très grande violence régit les rapports sociaux. Au 19ème le problème des cadets sera réduit en partie par l’entrée massive dans les ordres religieux et par l’émigration.
Beaucoup de divisions dans les villages. Solidarité de parenté, de classe, de sexe, de classe d’âge. L’honneur.
On se rencontre en deux occasions : la messe et la foire. Ils y vont par n’importe quel temps. Le but de la foire n’est pas seulement économique mais aussi social, c’est un rite, pour échanger des nouvelles, rencontrer les gens. Les foires servent de repères chronologiques : st Michel, Toussaint, Notre-Dame de mars etc. (tractations relatives aux baux de fermages, paiement des redevances etc.).
La vengeance n’est pas une passion primitive et brutale mais une construction intégrée à l’ensemble du fonctionnement de la société. Les puissants sont admirés pour leurs méfaits, les faibles traités comme des lépreux. Technique répandue d’ouverture des hostilités : faire paître ses bêtes dans le pré du voisin, de nuit en général. On calomnie ses voisins trop prospères pour empêcher des alliances matrimoniales trop avantageuses. Faire respecter ses propriétés. Harceler les « gros » : tout ça se mélange avec le devoir d’assistance et de charité chrétienne.
Les transactions sont souvent orales, les gens ne savent pas écrire, donc certains ne tiennent pas parole et reçoivent une réputation de malhonnêteté. On ne veut pas perdre la face. On aime faire des allusions menaçantes : « Il fait bien beau temps mais tout le monde ne le verra pas ». Les incendies volontaires sont souvent employés comme vengeance.
Le juge du 19ème s envoyé à Mende découvre avec stupéfaction une population ne parlant guère le français, violente, misérable et fruste, c’est la civilisation en mission ayant à juger la sauvagerie de l’ignorance. Vers 1880 les gens commencent à porter plainte pour raisons personnelles, l’institution judiciaire a donc eu un côté progressiste.
Les gens se marient dans un rayon de 15 km maximum. Système de réciprocité dans les échanges de dots.
Omniprésence du granit. Gros blocs de rocher + loups + tourmente = base de légendes.
Ginestière (lande de genêts, myrtilles, genévriers cades, bruyères, troènes, fougères, digitales pourprées, herbe…).
Marécages, sources, truites, herbes médicinales en quantité mais personne ne les utilise (les remèdes magiques sont empruntés au règne minéral plutôt que végétal. Les gens sont plus éleveurs qu’agriculteurs).
L’instit de Chasseradès : des hivers terribles, -25, -30 en plein air, neige d’octobre à mai. Les vaches croupissent dans une horrible malpropreté.
Routine. Agriculture misérable et arriérée.
Beaucoup de mendiants en Lozère, surtout dans la région de Marvejols. Ils sont de plus en plus nombreux, vont sur les routes, volent de la nourriture, sont souvent jugés pour vol ou violence.
Chapitre I : L'année 1881
En ce temps-là commença, en France, la guerre entre les laïcs et les catholiques, et cette guerre fit rage pendant de longues années. "Ce qui frappe le plus, c'est la virulence des écrits et du vocabulaire", écrivait l'abbé Lemire, député du Nord et partisan de la laïcité.
Cette année-là, la loi française supprime l'obligation du repos dominical.
L'enseignement catholique
En Lozère, jusqu'en 1881, les institutrices sont formées par les religieuses du couvent de l'Union (actuellement couvent de l'Adoration) à Mende. Désormais, elles seront formées à l'Ecole Normale.
La même année, les Jésuites qui dirigeaient le grand séminaire de Mende depuis 1852 sont expulsés par la République. Ils sont remplacés par Charles de Ligonnès (dont nous reparlerons). Le grand séminaire a 105 élèves en 1880.
Le petit séminaire de Mende (actuellement lycée Notre-Dame) a été bâti en 1879.
Le petit séminaire de Marvejols (actuellement collège Notre-Dame) a été créé en 1873 pour remplacer celui de Chirac, une paroisse voisine : on a rénové l'ancien collège universitaire de Marvejols. Ce petit séminaire a environ 120 élèves par an. Le supérieur est l'abbé Blanc.
Langogne aussi a un petit séminaire, celui des Spiritains, mais, peu nombreux et mal qualifiés, ceux-ci ne peuvent accueillir tous les jeunes gens qui voudraient y entrer.
L'évêque de Mende, Julien Costes, déclare qu'il pourrait fournir des prêtres à deux diocèses. En effet la Lozère est le diocèse français qui compte le plus d'ecclésiastiques (en 1878, la Lozère a 1432 consacrés : prêtres, religieux/ses, soit 1 pour 84 catholiques, record national), et il y en aurait encore plus si les Lozériens avaient les moyens financiers de faire faire des études à leurs fils. Les vocations sont nombreuses et de bonne qualité. Auparavant, il y avait des prêtres plus ou moins dans toutes les familles, mais depuis l'abolition des privilèges en 1789, les nobles et les riches ne se font plus guère prêtres…
L'émigration
A cette époque l'émigration commence à se répandre : misère, impôts trop lourds, salaires trop bas, peut-être aussi l’ennui dans les "terres d’abandon".
Au 19ème siècle, le Massif central est très peuplé « alors que la plaine demande des bras, surtout à la saison des récoltes. Le vignoble bas-languedocien connaît sa plus grande extension. L’Aveyron, la Lozère et le Tarn fournissent à l’Hérault, au début du printemps, des centaines de travailleurs pour préparer les vignes, et en automne des milliers de vendangeurs ». Ils partent aussi faire les moissons.
Il s'agit là de départs saisonniers, mais beaucoup partent définitivement : entre 1831 et 1911, 900 000 personnes quittent le Massif central, notamment pour aller à « Paris, si riche en ressources et en miroirs aux alouettes » (Migrations et diaspora, de Rose Duroux, in Massif central, l’esprit des hautes terres, revue autrement (1996)
Les Lozériens
Un auteur du 19ème décrit le paysan lozérien « à l’air sombre, méfiant et vindicatif, s’adonnant volontiers au vin et très friand de procès, même pour se disputer un terrain sans valeur ».
Emmanuel de Las Cases écrivait plus récemment : « Je revois de beaux paysans d’une grande dignité avec des barbes de patriarches, ils maintenaient dans leurs domaines et dans leurs familles sur lesquelles ils régnaient en maîtres absolus, des traditions de travail, de probité et d’honneur ».
« La Lozère surtout est fertile en héroïques moissons. Ses pauvres montagnes portent des âmes charmantes et magnifiques.…La Lozère est le jardin de la vertu. Et c’est un jardin fort bien soigné », déclarera Paul Deschanel, président de la République, donnant en 1905 un prix de vertu à un Lozérien.
« Le Lozérien est routinier, borné mais peu crédule et pas superstitieux. Son long contact avec la terre l’a doté d’un solide bon sens. » « Le paysan tient plus à ses bœufs qu’à sa femme ». « Jusqu’en 1914 le paysan lozérien ne fréquentait pas le médecin. » (Aspects de la vie et du pays lozérien, 1948)
Les Lozériens travaillent très dur, ne se reposent que le dimanche et pour les fêtes : Noël, Pâques, l'Ascension, la saint Jean, la fête du saint de la paroisse. Les foires sont des événements importants. A Marvejols elle a lieu à la saint Martin (le 11 novembre), à Mende à la Toussaint.
La vie communautaire est centrée sur l’ousta, sur la vie patriarcale en autarcie.
Entre eux, les Lozériens parlent "patois" (occitan), mais ils apprennent le français à l'école, et ils l'entendent à l'église depuis la fin du 17ème siècle.
En 1881, la Lozère a 143 565 habitants, soit le double de la population actuelle.
Vie en Lozère au 19ème (notes tirées de L'impossible mariage. Violence et parenté en Gévaudan. 17-18-19è. Claverie/Lamaison)
Maisons massives en granit où tout le monde vit dans une pièce sombre. Promiscuité, saleté, pas de volets ni de vitres (papier huilé et barreaux à la fenêtre), toit de chaume, pas de crépi. Rideaux au lit clos. Peu de feu car peu de bois. Le maître garde la clé des provisions. Beaucoup ne mangent pas à leur faim. Pain, soupe (chou, rave, pommes de terre), légumes crus, pois, fèves, un peu de lard, porc salé les jours de fête, beurre, laitages, œufs, riz, tome, volailles. Ils construisent leur maison eux-mêmes, taillent les pierres. Chaleur des animaux. Des enfants, vieux, journaliers, bergers, dorment dans l’écurie.
Vers 1850 crise du textile, donc misère pour beaucoup. Beaucoup de mendiants.
Laboureur : quelqu’un qui possède une paire de bœufs (maisons aisées)
Ménager : en possède 2, 3 ou 4 paires
Une maison peut contenir 10 ou 15 personnes : plusieurs couples, des frères et sœurs mariés ou célibataires etc. Pour survivre il faut être plusieurs, travailler ensemble.
A 6-7 ans l’enfant commence à garder le cochon, les moutons ou les vaches.
A 8-9 ans il est loué comme aide-berger ou servante.
Deux ou plusieurs frères peuvent avoir le même prénom, on les distingue par des suffixes.
Au 19ème en Lozère un seul hérite mais pas forcément l’aîné, les parents choisissent. L’héritier doit entretenir ses parents, frères et sœurs célibataires.
La vie est dure dès l’enfance, le père est sévère, on vouvoie les parents. Le père décide tout, les travaux, les ventes, il entonne les prières.
Les gens vivent tous ensemble donc ils s’aiment bien mais les hommes battent souvent femmes et enfants (la religion adoucit quand même les moeurs).
De 1815 à 1875 tous les parlementaires lozériens sont royalistes. En 1875 Chambrun : « Le catholicisme, l’armée, l’agriculture, sont les éléments simples, primitifs et conservateurs des sociétés auxquelles la vieille France doit revenir absolument sous peine de dissolution ».
Après 1871, de violentes confrontations dans lesquelles la population est fortement impliquée brusquent un peu la vie politique locale : les instituteurs républicains déclarent leur hostilité aux curés conservateurs, les villages sont divisés, les affrontements violents. L’instit de Chasseradès parle de l’héroïsme dont il faut faire preuve face « aux masses fanatiques aveuglées par l’obscurantisme clérical ». Les écoles laïques brûlent en nombre. La lutte entre « francs-maçons » (flamassous) et conservateurs est colportée dans les chansons populaires en patois.
Les notables ne pensent qu’à acheter des terres et régner sur leur village. Conservatisme : on se contente de réparer les routes et les ponts. « Il faut laisser aller la nature des choses ».
« Avouons toutefois qu’il n’est pas à désirer que dans les campagnes l’instruction prenne une trop grande extension. Les bouviers, les journaliers, les domestiques, les fils de paysans délaisseraient leurs misérables postes pour de meilleurs salaires et prendraient des idées de grandeur en essayant de contrecarrer, par des artifices, la Divine Volonté » (M. Blanchet, grand propriétaire, Rapport sur l’économie régionale, 1843).
La montagne (Margeride, Aubrac), pour marquer clairement son opposition au culte protestant des Cévennes, vouait une dévotion intense aux saints et à la Vierge Marie, patronne de nombreuses paroisses.
Les conflits d’influence Eglise-Etat sont le fond de la politique gévaudanaise du 19ème. Les préfets se plaignent des interventions des curés. Les curés traitent en chaire les hommes du gouvernements de francs-maçons, d’irréligieux, avant les élections ils passent dans toutes les maisons pour dire aux gens de voter à droite. Certains menacent de refuser les sacrements aux mourants qui auraient voté républicain. Certains maires demandent un instit car l’instruction donnée par les curés est insuffisante. Certains curés obligent les républicains à apporter leur chaise à l’église et à payer la messe.
La plupart des vols ont lieu pendant la messe car tout le monde y est. « La participation de tous aux rituels apporte une sécurisation minimale, dans laquelle la communauté légitime et anoblit ses comportements violents ». Le curé arbitre les conflits. « Le prêtre travaillait à empêcher les procès, à étouffer les haines, à réconcilier les familles, et donnait en patois des sermons tout populaires qui changeaient les cœurs ». Mais il dépend aussi des riches car en général il est pauvre. L’Eglise, centre de renseignements sur la qualité et le comportement des personnes. Le notaire aussi est important.
Les femmes sont nourries les dernières dans les maisons, parfois elles volent à manger. On n’aime pas les étrangers. Chaque paroisse a une maison de bienfaisance pour les pauvres. Le traitement des pauvres est en enjeu politique.
Durant 4 ou 5 ans l’enfant partage le lit des parents, puis ils sont entassés sur une paillasse dans le foin de l’écurie. La nuit dans l’écurie, le jour au loin. Beaucoup d’enfants, ils sont donc indépendants. On apprend la méfiance aux filles. La tolérance s’arrête aux projets matrimoniaux où il ne faut pas empiéter. Ceux qui sont destinés à rester célibataires sont libres et n’ont pas à se gêner avec les pauvres filles, domestiques, bergères…Le mariage n’est pas une affaire individuelle.
Les enfants naturels représentent 32% des naissances à Mende entre 1836 et 1845. Les enfants naturels sont mal soignés et meurent trois fois plus que les autres. Ils proviennent aussi de personnes mariées (H ou F).
Les innombrables enfants morts-nés sont parfois des infanticides masqués, surtout dans les familles misérables quand on sait qu’on ne pourra pas les nourrir. On aide un peu la nature (après avoir baptisé l’enfant) mais certains vont plus loin. « Je ne suis pas enceinte, je vais à l’Eglise ». « Je ne crois pas qu’elle soit enceinte, c’est une femme qui fréquente les sacrements ».
Le viol n’est pas vu comme une atteinte à l’intégrité physique et psychologique de la fillette, mais à l’honneur familial. La brutalité sexuelle est la norme. Une très grande violence régit les rapports sociaux. Au 19ème le problème des cadets sera réduit en partie par l’entrée massive dans les ordres religieux et par l’émigration.
Beaucoup de divisions dans les villages. Solidarité de parenté, de classe, de sexe, de classe d’âge. L’honneur.
On se rencontre en deux occasions : la messe et la foire. Ils y vont par n’importe quel temps. Le but de la foire n’est pas seulement économique mais aussi social, c’est un rite, pour échanger des nouvelles, rencontrer les gens. Les foires servent de repères chronologiques : st Michel, Toussaint, Notre-Dame de mars etc. (tractations relatives aux baux de fermages, paiement des redevances etc.).
La vengeance n’est pas une passion primitive et brutale mais une construction intégrée à l’ensemble du fonctionnement de la société. Les puissants sont admirés pour leurs méfaits, les faibles traités comme des lépreux. Technique répandue d’ouverture des hostilités : faire paître ses bêtes dans le pré du voisin, de nuit en général. On calomnie ses voisins trop prospères pour empêcher des alliances matrimoniales trop avantageuses. Faire respecter ses propriétés. Harceler les « gros » : tout ça se mélange avec le devoir d’assistance et de charité chrétienne.
Les transactions sont souvent orales, les gens ne savent pas écrire, donc certains ne tiennent pas parole et reçoivent une réputation de malhonnêteté. On ne veut pas perdre la face. On aime faire des allusions menaçantes : « Il fait bien beau temps mais tout le monde ne le verra pas ». Les incendies volontaires sont souvent employés comme vengeance.
Le juge du 19ème s envoyé à Mende découvre avec stupéfaction une population ne parlant guère le français, violente, misérable et fruste, c’est la civilisation en mission ayant à juger la sauvagerie de l’ignorance. Vers 1880 les gens commencent à porter plainte pour raisons personnelles, l’institution judiciaire a donc eu un côté progressiste.
Les gens se marient dans un rayon de 15 km maximum. Système de réciprocité dans les échanges de dots.
Omniprésence du granit. Gros blocs de rocher + loups + tourmente = base de légendes.
Ginestière (lande de genêts, myrtilles, genévriers cades, bruyères, troènes, fougères, digitales pourprées, herbe…).
Marécages, sources, truites, herbes médicinales en quantité mais personne ne les utilise (les remèdes magiques sont empruntés au règne minéral plutôt que végétal. Les gens sont plus éleveurs qu’agriculteurs).
L’instit de Chasseradès : des hivers terribles, -25, -30 en plein air, neige d’octobre à mai. Les vaches croupissent dans une horrible malpropreté.
Routine. Agriculture misérable et arriérée.
Beaucoup de mendiants en Lozère, surtout dans la région de Marvejols. Ils sont de plus en plus nombreux, vont sur les routes, volent de la nourriture, sont souvent jugés pour vol ou violence.
Dernière édition par Fée Violine le Mer 6 Aoû - 19:26, édité 4 fois
Re: Jean-Baptiste Rouvière
(suite)
On ignore l’origine d’Antrenas. C’est un village sans histoire, même légendaire. Un village ordinaire, à 5 km de Marvejols et 35 km de Mende, 890 m d’altitude, 1756 hectares.
L’église st Pierre d’Antrenas est citée en 1109 dans le testament d’Aldebert II, évêque de Mende. Elle dépendait du prieuré du Monastier. Ce n’est pas l’église actuelle, qui est plus récente mais qui comporte encore des éléments romans, ainsi qu'une statue de la Vierge à l’enfant en hêtre doré, de la fin du 18ème.
L’église, fort riche, dépendit longtemps du monastère de Chirac, puis jusqu’à la Révolution des jésuites de Rodez. La paroisse fut rétablie par le Concordat de 1802.
En 1322 Antrenas avait une église prieurale et une vingtaine de maisons mal bâties et mal ordonnées. Cette église fut pillée par les protestants en 1565, on les chassa, ils revinrent plusieurs fois, le village et l’église étaient encore en leur pouvoir en 1730(??). Mais les habitants furent inébranlables dans la foi catholique. En 1730 un démêlé opposa le curé d’Antrenas et celui de Marvejols au sujet d’un droit de dîme.
Les habitants d'Antrenas payaient des redevances seigneuriales à leurs divers seigneurs (car chaque hameau dépendait d'un seigneur différent) et des dîmes au prieur curé.
En temps de guerre ou de troubles, les habitants d’Antrenas étaient obligés au « guet et garde » des châteaux dont ils dépendaient. Avant la Révolution le village était administré par deux consuls élus chaque année, un greffier (secrétaire de mairie) faisait les écritures.
A la fin du 19ème : un maire, un adjoint et dix conseillers municipaux, pas de magasins, on faisait ses achats à Marvejols, on y vendait ses productions. Les chemins ruraux étaient en mauvais état.
En 1845, le village compte 160 habitants ; en 1852, 386 ; en 1874 : 333 ; en 1881 : 465.
Le château et le village de Larcis (mentionnés en 1123) ont appartenu longtemps aux comtes de Peyre puis à la famille de Chambrun qui en fut dépossédée par le célèbre César de Grollée comte de Peyre (1639-1720). Ils ont disparu, ainsi que l’église prieurale d’Antrenas.
Un autre château, le château du Crespin, a été construit en 1849 par Achille d’Espinassoux.
César de Grollée fut un moment le favori de Louis XIV, sema la terreur dans la région, vécut au château de la Baume, mourut à Marvejols où il est enterré dans la chapelle de Peyre à l’ouest de l’église des Capucins, ancien petit séminaire. On dit qu’à sa mort le diable emporta son âme, ou que son âme en peine, errant dans les bois sous forme d’un gros chien noir, effrayait les passants par ses hurlements plaintifs. On parle encore avec exécration de ses faits et gestes.
En 1881, le maire est Jean-Louis Fontugne, âgé de 70 ans.
Député de Marvejols élu en 1881 : Gustave Pelisse
Notice géographique faite par l’institutrice R. Jaffuel le 23 mai 1874 :
333 habitants, dont 38 au chef-lieu soit 11 ménages.
1 curé, 1 vicaire, école laïque mixte, bureau de poste à Marvejols.
Climat froid l’hiver, tempéré et agréable le reste de l’année.
Pas d’industrie, on ne s’occupe que d’agriculture et d’élevage : froment, seigle, orge, avoine, pommes de terre, pommes, poires, noix, châtaignes, fourrages. Bois de chêne, hêtre, pin. Il y a beaucoup de fermiers.
Le Monnet : école laïque filles, menhir
Tarbes : école laïque filles
Fabrèges : école laïque filles, un moulin, 21 ménages, 71 habitants
La Bastide : 3 ménages, 14 habitants
Larcis : un moulin
La Tieulade
Il y a 6 hameaux et 11 maisons isolées (entre 3 et 11 habitants chacune)
Ruisseaux : le Chanteperdrix et le Piou, affluents de la Colagne.
Fête patronale : st Pierre st Paul, 29 juin.
Hommes remarquables : néant.
Début du récit :
1881
En 1881, le hameau de La Bastide compte 14 habitants, répartis en trois maisons. La première sur la droite, quand on arrive d'Antrenas, est une jolie maison de granit.
Sur une pierre d'environ 40x40 est gravée la date de construction de la maison : A d 1752 (ou 1759 ? c’est mal écrit).
Contre la façade de la maison, côté colline, une fontaine avec bac en pierre et conduit en bois.
Dans la salle, les dalles sont plus ou moins de travers. Le sol est légèrement en pente en direction de la porte, pour faciliter le nettoyage. L’évier est juste à gauche de l’entrée. L'unique fenêtre est sur la façade. Les deux fenêtres arrondies de l’étage (comme les sourcils de quelqu’un de gentil) ont été faites avec des pierres de l’ancienne église qui était à côté, certains disent même qu’elle était à l’emplacement de la maison mais c’est trop beau pour être vrai. En tout cas, la croix très ancienne, du 14ème siècle, en granit sur le mur d’enceinte a toujours été là, elle vient de l’ex-cimetière.
Dans la salle il y a un petit escalier à gauche, genre échelle de meunier. Sous cet escalier il y a deux lits-armoires bout à bout, vu la place qu’il y a cela signifie que les lits étaient plutôt courts. Mais les gens dormaient un peu assis, et ils étaient petits, environ 1,60 mètre. Les lits-armoires sont comme les lits clos bretons, mais avec un rideau devant au lieu de porte. Les lits sont surélevés, il faut donc un marchepied pour y entrer. Les bébés dorment sur une étagère à la tête du lit des parents.
A droite de la salle, une vaste cheminée toute noire va jusqu’à l’angle. Dans l’angle une potence orientable pour accrocher la marmite et qu’on peut amener au-dessus du feu. A droite de cette potence, c’est-à-dire sur le mur de façade, un placard dans le mur avec une porte en bois, à environ un mètre du sol. Sous le manteau de la cheminée, à gauche, une porte conduit à la cave, qui est petite, environ 6 m², le sol monte un peu. C’est bien frais et à l’abri du gel car enterré, derrière c’est la montagne (à droite on voit juste un peu le ciel par un soupirail). Les voisins y mettent leurs pommes de terre à l’abri du gel les hivers très froids. Au fond de la cave, en face de la porte, une niche dans le mur où la maîtresse de maison met, protégés par un grillage, ses fromages, son beurre, qu'elle vendra au marché.
Au fond de la salle, la porte de la grange. Ils sont si pauvres qu’au lieu de planches sur les poutres de la grange, ils mettent des branches de genêts. C'est sans doute suffisant pour supporter le poids du foin ? Au-dessus de la salle un vaste grenier (la pièce avec les fenêtres arrondies).
Contiguë à la grange, il y a l’écurie, devant laquelle une légère pente pour l’entrée des chars. L’écurie est à angle droit de la maison, tout près de la maison Vernon.
La maison est adossée à la pente, donc protégée. En haut un jardin, par où on disait que les Anglais avaient attaqué (à quelle époque lointaine ?).
Dans cette maison vit la famille Rouvière : Jean Rouvière, 61 ans, ses deux fils Jean-Baptiste, 34 ans, et Jean-Antoine, 32 ans, avec leurs épouses. Jean, le père, est veuf depuis longtemps. Son épouse, Marie-Anne Combette, est morte en 1858 à l'âge de 35 ans en laissant plusieurs enfants.
Jean-Baptiste, né le 3 avril 1847, a épousé le 26 novembre 1879 Marie Victoire Bessière, née vers 1850.
Son frère Jean-Antoine, né le 30 janvier 1849, a épousé le 16 janvier 1878 Rosalie Clavel (qui pour l'état civil s'appelle Marie-Anne ou Marianne), née le 2 octobre 1854 à Chirac, une paroisse voisine.
Les deux frères sont journaliers : ils travaillent la terre des autres. Jean-Antoine est aussi charron, Jean-Baptiste est scieur de long, un travail saisonnier. « Quoique moins important que la migration de récolte, le sciage de long tient, jusqu’au 19ème siècle, une place appréciable dans l’économie rurale car il se pratique pendant la morte-saison ». Le départ est en septembre, on revient quelques mois plus tard avec quelques centaines de francs. Ils sont par "équipages" de trois hommes portant scie et outils.
Le 11 novembre, jour de la saint Martin, a lieu la foire de Marvejols. Ce n'est pas loin, une heure de marche. Tous les habitants des environs s'y rendent, pour vendre leurs produits, pour acheter ce dont ils ont besoin, mais aussi pour rencontrer du monde, échanger les nouvelles. Le rôle de la foire n'est pas seulement économique mais aussi social. Pour rien au monde on ne manquerait cet événement, quelle que soit la couleur du ciel !
Pourtant, ce 11 novembre 1881, Rosalie Clavel n'est pas allée vendre ses fromages à la foire de la saint Martin, car cette nuit-là, à 2 heures du matin, elle a mis au monde son premier fils, Jean-Baptiste. L'enfant est baptisé le lendemain 12 novembre, par l'abbé Eugène Boulet, curé d'Antrenas. Le parrain et la marraine sont l'oncle et la tante, Jean-Baptiste et Victoire.
Le 13 novembre, l'enfant est déclaré à la mairie.
Sa sœur, la petite Anna (Marie Anne Christine), née le 30 août 1880, a 14 mois. La fille aînée, Marie Rose (née le 28 juillet 1880), est morte quelques mois plus tôt, le 27 avril 1881, à l'âge de 21 mois.
Cette même année 1881 a vu la naissance et la mort des premiers enfants de Jean-Baptiste et Victoire, Jean et Jean-Baptiste, des jumeaux nés le 8 juin, morts l'un le 11 juin, l'autre le 24 juillet.
Ainsi en quelques mois, trois enfants sont morts dans cette maison. La naissance de Jean-Baptiste est une lumière au milieu de toute cette peine.
La famille Rouvière vit à Antrenas depuis la nuit des temps. D'après un document de 1697, il y avait déjà à cette époque plusieurs familles Rouvière : au chef-lieu du village vivait Antoine Rouvière brassier ; au hameau de La Tieulade, Pierre Rouvière rantier (c'est-à-dire fermier) ; à Fabrèges, Jean Rouvière ménager (c'est-à-dire propriétaire de ses terres) et Jeanne Rouvière pauvre. Au hameau de Tarbes, qui faisait partie de la paroisse de Larcis, vivaient Jean Rouvière et un valet, et Pierre Rouvière tisserand. Par contre, à La Bastide, qui faisait aussi partie de la paroisse de Larcis, il n'y avait pas encore de Rouvière en cette fin du 17ème siècle : les habitants étaient "Mathieu Carlac ménager, Antoine Favier ménager, Guinet Carlet et un valet, Jean Pagés".
En cette année 1881, le 16 juin, le gouvernement français a promulgué les deux premières lois Jules Ferry qui vont révolutionner l'enseignement : la loi sur les titres de capacité, et celle sur la gratuité de l'enseignement. A l'école d'Antrenas est nommé, en cette rentrée 1881, un instituteur nommé Dalle, qu'un incident va opposer à la population du village, quelques jours après la naissance de Jean-Baptiste.
Le 25 novembre, monsieur Dalle écrit au sous-préfet : « Quelqu’un a enduit d’ordures les poignées des loquets des portes de mon domicile, ainsi que les trous des serrures ». Il quitte les lieux sans rien nettoyer, pour ne pas donner « à mes ennemis l’occasion de rire à mes dépens et de me tourner en ridicule ». Il demande une enquête pour « intimider les misérables qui mettent tout en œuvre pour paralyser l’accomplissement de mon devoir, seulement parce que je ne suis pas une institutrice ».
L’inspecteur d’académie estime que monsieur Dalle n’aurait pas dû prendre l’initiative de ne pas ouvrir l’école, et qu'il aurait dû en parler au maire.
Le 4 décembre, l’inspecteur primaire écrit à l’inspecteur d’académie que monsieur Dalle, « un digne instituteur d’un dévouement à toute épreuve », a été victime d’un « acte inqualifiable » dont on veut découvrir les auteurs, et qu'il faut porter plainte.
On ne sait pas si les auteurs de l'attentat ont été découverts…
En plus de l'école du chef-lieu du village, la commune a trois autres écoles, dans les hameaux : Fabrèges, Tarbes, Le Monnet.
La maison d'école de Fabrèges appartient à la commune, les trois autres à la fabrique , qui ne fait pas de bail écrit et peut donc expulser ses locataires à son gré. Une solution serait que la commune construise ses propres écoles, l'inspection académique envoie de temps en temps des mises en demeure à ce sujet, vu l'état désastreux des diverses écoles de la commune, mais la municipalité trouve qu'on peut bien continuer comme on a toujours fait.
Le conseil municipal délibère : « Le Conseil après avoir murement examiné et avoir pris connaissance du nombre des enfants qu’ils peuve frequenté chaqu’une des quatre classe, lesquels sont tout au plus de quarente à quarente cinq enfants, pour les quatre classes, vu que pour les maisons de Tarbes et du Monnet, les Bail seront passé par ecrit, et celle d’Antrenas le cera aussi ci on change l’Instituteur actuel, et celui de Fabrèges qu’il appartient à la session [celle de Fabrèges qui appartient à la section] parrait acces convenable vu que le nombre des enfants tend à diminuer, sont d’avis qu’il soit faite des réparations s’ils sont néscesaire mais non des constructions ».
30/12/1881 : l’instituteur à l’inspecteur primaire à Marvejols :
« J’ai l’honneur de vous informer que j’ai vu hier soir M. le Maire au sujet de la maison d’école d’Antrenas. Et il m’a dit que la fabrique ne veut pas l’affermer et qu’elle entend me la retirer aussitôt qu’elle en aura le droit. Or le bail courant expire demain. Que dois-je faire ? »
(La fabrique était, avant la séparation de l'Eglise et de l'Etat, un groupe de personnes nommées par l'évêque pour administrer les biens d'une église.)
On ignore l’origine d’Antrenas. C’est un village sans histoire, même légendaire. Un village ordinaire, à 5 km de Marvejols et 35 km de Mende, 890 m d’altitude, 1756 hectares.
L’église st Pierre d’Antrenas est citée en 1109 dans le testament d’Aldebert II, évêque de Mende. Elle dépendait du prieuré du Monastier. Ce n’est pas l’église actuelle, qui est plus récente mais qui comporte encore des éléments romans, ainsi qu'une statue de la Vierge à l’enfant en hêtre doré, de la fin du 18ème.
L’église, fort riche, dépendit longtemps du monastère de Chirac, puis jusqu’à la Révolution des jésuites de Rodez. La paroisse fut rétablie par le Concordat de 1802.
En 1322 Antrenas avait une église prieurale et une vingtaine de maisons mal bâties et mal ordonnées. Cette église fut pillée par les protestants en 1565, on les chassa, ils revinrent plusieurs fois, le village et l’église étaient encore en leur pouvoir en 1730(??). Mais les habitants furent inébranlables dans la foi catholique. En 1730 un démêlé opposa le curé d’Antrenas et celui de Marvejols au sujet d’un droit de dîme.
Les habitants d'Antrenas payaient des redevances seigneuriales à leurs divers seigneurs (car chaque hameau dépendait d'un seigneur différent) et des dîmes au prieur curé.
En temps de guerre ou de troubles, les habitants d’Antrenas étaient obligés au « guet et garde » des châteaux dont ils dépendaient. Avant la Révolution le village était administré par deux consuls élus chaque année, un greffier (secrétaire de mairie) faisait les écritures.
A la fin du 19ème : un maire, un adjoint et dix conseillers municipaux, pas de magasins, on faisait ses achats à Marvejols, on y vendait ses productions. Les chemins ruraux étaient en mauvais état.
En 1845, le village compte 160 habitants ; en 1852, 386 ; en 1874 : 333 ; en 1881 : 465.
Le château et le village de Larcis (mentionnés en 1123) ont appartenu longtemps aux comtes de Peyre puis à la famille de Chambrun qui en fut dépossédée par le célèbre César de Grollée comte de Peyre (1639-1720). Ils ont disparu, ainsi que l’église prieurale d’Antrenas.
Un autre château, le château du Crespin, a été construit en 1849 par Achille d’Espinassoux.
César de Grollée fut un moment le favori de Louis XIV, sema la terreur dans la région, vécut au château de la Baume, mourut à Marvejols où il est enterré dans la chapelle de Peyre à l’ouest de l’église des Capucins, ancien petit séminaire. On dit qu’à sa mort le diable emporta son âme, ou que son âme en peine, errant dans les bois sous forme d’un gros chien noir, effrayait les passants par ses hurlements plaintifs. On parle encore avec exécration de ses faits et gestes.
En 1881, le maire est Jean-Louis Fontugne, âgé de 70 ans.
Député de Marvejols élu en 1881 : Gustave Pelisse
Notice géographique faite par l’institutrice R. Jaffuel le 23 mai 1874 :
333 habitants, dont 38 au chef-lieu soit 11 ménages.
1 curé, 1 vicaire, école laïque mixte, bureau de poste à Marvejols.
Climat froid l’hiver, tempéré et agréable le reste de l’année.
Pas d’industrie, on ne s’occupe que d’agriculture et d’élevage : froment, seigle, orge, avoine, pommes de terre, pommes, poires, noix, châtaignes, fourrages. Bois de chêne, hêtre, pin. Il y a beaucoup de fermiers.
Le Monnet : école laïque filles, menhir
Tarbes : école laïque filles
Fabrèges : école laïque filles, un moulin, 21 ménages, 71 habitants
La Bastide : 3 ménages, 14 habitants
Larcis : un moulin
La Tieulade
Il y a 6 hameaux et 11 maisons isolées (entre 3 et 11 habitants chacune)
Ruisseaux : le Chanteperdrix et le Piou, affluents de la Colagne.
Fête patronale : st Pierre st Paul, 29 juin.
Hommes remarquables : néant.
Début du récit :
1881
En 1881, le hameau de La Bastide compte 14 habitants, répartis en trois maisons. La première sur la droite, quand on arrive d'Antrenas, est une jolie maison de granit.
Sur une pierre d'environ 40x40 est gravée la date de construction de la maison : A d 1752 (ou 1759 ? c’est mal écrit).
Contre la façade de la maison, côté colline, une fontaine avec bac en pierre et conduit en bois.
Dans la salle, les dalles sont plus ou moins de travers. Le sol est légèrement en pente en direction de la porte, pour faciliter le nettoyage. L’évier est juste à gauche de l’entrée. L'unique fenêtre est sur la façade. Les deux fenêtres arrondies de l’étage (comme les sourcils de quelqu’un de gentil) ont été faites avec des pierres de l’ancienne église qui était à côté, certains disent même qu’elle était à l’emplacement de la maison mais c’est trop beau pour être vrai. En tout cas, la croix très ancienne, du 14ème siècle, en granit sur le mur d’enceinte a toujours été là, elle vient de l’ex-cimetière.
Dans la salle il y a un petit escalier à gauche, genre échelle de meunier. Sous cet escalier il y a deux lits-armoires bout à bout, vu la place qu’il y a cela signifie que les lits étaient plutôt courts. Mais les gens dormaient un peu assis, et ils étaient petits, environ 1,60 mètre. Les lits-armoires sont comme les lits clos bretons, mais avec un rideau devant au lieu de porte. Les lits sont surélevés, il faut donc un marchepied pour y entrer. Les bébés dorment sur une étagère à la tête du lit des parents.
A droite de la salle, une vaste cheminée toute noire va jusqu’à l’angle. Dans l’angle une potence orientable pour accrocher la marmite et qu’on peut amener au-dessus du feu. A droite de cette potence, c’est-à-dire sur le mur de façade, un placard dans le mur avec une porte en bois, à environ un mètre du sol. Sous le manteau de la cheminée, à gauche, une porte conduit à la cave, qui est petite, environ 6 m², le sol monte un peu. C’est bien frais et à l’abri du gel car enterré, derrière c’est la montagne (à droite on voit juste un peu le ciel par un soupirail). Les voisins y mettent leurs pommes de terre à l’abri du gel les hivers très froids. Au fond de la cave, en face de la porte, une niche dans le mur où la maîtresse de maison met, protégés par un grillage, ses fromages, son beurre, qu'elle vendra au marché.
Au fond de la salle, la porte de la grange. Ils sont si pauvres qu’au lieu de planches sur les poutres de la grange, ils mettent des branches de genêts. C'est sans doute suffisant pour supporter le poids du foin ? Au-dessus de la salle un vaste grenier (la pièce avec les fenêtres arrondies).
Contiguë à la grange, il y a l’écurie, devant laquelle une légère pente pour l’entrée des chars. L’écurie est à angle droit de la maison, tout près de la maison Vernon.
La maison est adossée à la pente, donc protégée. En haut un jardin, par où on disait que les Anglais avaient attaqué (à quelle époque lointaine ?).
Dans cette maison vit la famille Rouvière : Jean Rouvière, 61 ans, ses deux fils Jean-Baptiste, 34 ans, et Jean-Antoine, 32 ans, avec leurs épouses. Jean, le père, est veuf depuis longtemps. Son épouse, Marie-Anne Combette, est morte en 1858 à l'âge de 35 ans en laissant plusieurs enfants.
Jean-Baptiste, né le 3 avril 1847, a épousé le 26 novembre 1879 Marie Victoire Bessière, née vers 1850.
Son frère Jean-Antoine, né le 30 janvier 1849, a épousé le 16 janvier 1878 Rosalie Clavel (qui pour l'état civil s'appelle Marie-Anne ou Marianne), née le 2 octobre 1854 à Chirac, une paroisse voisine.
Les deux frères sont journaliers : ils travaillent la terre des autres. Jean-Antoine est aussi charron, Jean-Baptiste est scieur de long, un travail saisonnier. « Quoique moins important que la migration de récolte, le sciage de long tient, jusqu’au 19ème siècle, une place appréciable dans l’économie rurale car il se pratique pendant la morte-saison ». Le départ est en septembre, on revient quelques mois plus tard avec quelques centaines de francs. Ils sont par "équipages" de trois hommes portant scie et outils.
Le 11 novembre, jour de la saint Martin, a lieu la foire de Marvejols. Ce n'est pas loin, une heure de marche. Tous les habitants des environs s'y rendent, pour vendre leurs produits, pour acheter ce dont ils ont besoin, mais aussi pour rencontrer du monde, échanger les nouvelles. Le rôle de la foire n'est pas seulement économique mais aussi social. Pour rien au monde on ne manquerait cet événement, quelle que soit la couleur du ciel !
Pourtant, ce 11 novembre 1881, Rosalie Clavel n'est pas allée vendre ses fromages à la foire de la saint Martin, car cette nuit-là, à 2 heures du matin, elle a mis au monde son premier fils, Jean-Baptiste. L'enfant est baptisé le lendemain 12 novembre, par l'abbé Eugène Boulet, curé d'Antrenas. Le parrain et la marraine sont l'oncle et la tante, Jean-Baptiste et Victoire.
Le 13 novembre, l'enfant est déclaré à la mairie.
Sa sœur, la petite Anna (Marie Anne Christine), née le 30 août 1880, a 14 mois. La fille aînée, Marie Rose (née le 28 juillet 1880), est morte quelques mois plus tôt, le 27 avril 1881, à l'âge de 21 mois.
Cette même année 1881 a vu la naissance et la mort des premiers enfants de Jean-Baptiste et Victoire, Jean et Jean-Baptiste, des jumeaux nés le 8 juin, morts l'un le 11 juin, l'autre le 24 juillet.
Ainsi en quelques mois, trois enfants sont morts dans cette maison. La naissance de Jean-Baptiste est une lumière au milieu de toute cette peine.
La famille Rouvière vit à Antrenas depuis la nuit des temps. D'après un document de 1697, il y avait déjà à cette époque plusieurs familles Rouvière : au chef-lieu du village vivait Antoine Rouvière brassier ; au hameau de La Tieulade, Pierre Rouvière rantier (c'est-à-dire fermier) ; à Fabrèges, Jean Rouvière ménager (c'est-à-dire propriétaire de ses terres) et Jeanne Rouvière pauvre. Au hameau de Tarbes, qui faisait partie de la paroisse de Larcis, vivaient Jean Rouvière et un valet, et Pierre Rouvière tisserand. Par contre, à La Bastide, qui faisait aussi partie de la paroisse de Larcis, il n'y avait pas encore de Rouvière en cette fin du 17ème siècle : les habitants étaient "Mathieu Carlac ménager, Antoine Favier ménager, Guinet Carlet et un valet, Jean Pagés".
En cette année 1881, le 16 juin, le gouvernement français a promulgué les deux premières lois Jules Ferry qui vont révolutionner l'enseignement : la loi sur les titres de capacité, et celle sur la gratuité de l'enseignement. A l'école d'Antrenas est nommé, en cette rentrée 1881, un instituteur nommé Dalle, qu'un incident va opposer à la population du village, quelques jours après la naissance de Jean-Baptiste.
Le 25 novembre, monsieur Dalle écrit au sous-préfet : « Quelqu’un a enduit d’ordures les poignées des loquets des portes de mon domicile, ainsi que les trous des serrures ». Il quitte les lieux sans rien nettoyer, pour ne pas donner « à mes ennemis l’occasion de rire à mes dépens et de me tourner en ridicule ». Il demande une enquête pour « intimider les misérables qui mettent tout en œuvre pour paralyser l’accomplissement de mon devoir, seulement parce que je ne suis pas une institutrice ».
L’inspecteur d’académie estime que monsieur Dalle n’aurait pas dû prendre l’initiative de ne pas ouvrir l’école, et qu'il aurait dû en parler au maire.
Le 4 décembre, l’inspecteur primaire écrit à l’inspecteur d’académie que monsieur Dalle, « un digne instituteur d’un dévouement à toute épreuve », a été victime d’un « acte inqualifiable » dont on veut découvrir les auteurs, et qu'il faut porter plainte.
On ne sait pas si les auteurs de l'attentat ont été découverts…
En plus de l'école du chef-lieu du village, la commune a trois autres écoles, dans les hameaux : Fabrèges, Tarbes, Le Monnet.
La maison d'école de Fabrèges appartient à la commune, les trois autres à la fabrique , qui ne fait pas de bail écrit et peut donc expulser ses locataires à son gré. Une solution serait que la commune construise ses propres écoles, l'inspection académique envoie de temps en temps des mises en demeure à ce sujet, vu l'état désastreux des diverses écoles de la commune, mais la municipalité trouve qu'on peut bien continuer comme on a toujours fait.
Le conseil municipal délibère : « Le Conseil après avoir murement examiné et avoir pris connaissance du nombre des enfants qu’ils peuve frequenté chaqu’une des quatre classe, lesquels sont tout au plus de quarente à quarente cinq enfants, pour les quatre classes, vu que pour les maisons de Tarbes et du Monnet, les Bail seront passé par ecrit, et celle d’Antrenas le cera aussi ci on change l’Instituteur actuel, et celui de Fabrèges qu’il appartient à la session [celle de Fabrèges qui appartient à la section] parrait acces convenable vu que le nombre des enfants tend à diminuer, sont d’avis qu’il soit faite des réparations s’ils sont néscesaire mais non des constructions ».
30/12/1881 : l’instituteur à l’inspecteur primaire à Marvejols :
« J’ai l’honneur de vous informer que j’ai vu hier soir M. le Maire au sujet de la maison d’école d’Antrenas. Et il m’a dit que la fabrique ne veut pas l’affermer et qu’elle entend me la retirer aussitôt qu’elle en aura le droit. Or le bail courant expire demain. Que dois-je faire ? »
(La fabrique était, avant la séparation de l'Eglise et de l'Etat, un groupe de personnes nommées par l'évêque pour administrer les biens d'une église.)
Re: Jean-Baptiste Rouvière
en fait, actuellement, il y a une plaque sur la maison d'en face :
Non seulement ce n'est pas la bonne maison natale, mais ce n'est pas la bonne date de naissance (il est né en 81 et non en 79 !).
la tombe de ses parents au cimetière d'Antrenas :
le monument aux morts, où figure son frère François (mort en 1914) :
Non seulement ce n'est pas la bonne maison natale, mais ce n'est pas la bonne date de naissance (il est né en 81 et non en 79 !).
la tombe de ses parents au cimetière d'Antrenas :
le monument aux morts, où figure son frère François (mort en 1914) :
Re: Jean-Baptiste Rouvière
j'ai recherché la première partie dans un des livres que j'ai lu mais ne me souviens pas le quel
peut tu m'en donner la référence (ton premier message)
merci
je t'en courage pour la suite afin de connaitre l'histoire de J.B. Rouviere
peut tu m'en donner la référence (ton premier message)
merci
je t'en courage pour la suite afin de connaitre l'histoire de J.B. Rouviere
baboulaa- Membre trop actif
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Re: Jean-Baptiste Rouvière
je ne comprends pas ta question ? j'ai mis les références des livres que je cite, au fur et à mesure.
pour la suite... il faut que je refasse toutes mes recherches aux archives départementales, diocésaines, communales et autres... si j'avais sauvegardé ma disquette, j'aurais gagné du temps... Quelle idiote !!!
je dois avoir encore quelques notes sur des bouts de papiers, quelque part chez moi, mais il y a tellement de désordre que je ne sais plus où c'est... Avec ça je pourrais reconstituer un peu l'histoire.
en gros (sauf erreur) :
Jean-Baptiste est né en 1881, le deuxième de 13.
à 14 ans il est entré au petit séminaire de Marvejols.
à 19 ans il est entré au noviciat des Oblats de Marie Immaculée, à L'Osier (Isère), puis il a continué ses études au scolasticat de la congrégagtion, à Liège en Belgique. Pendant qu'il était en Belgique, sa mère est morte, en 1904.
il a été ordonné prêtre, puis il s'est embarqué pour le Canada en 1907.
il est resté un certain temps à Good Hope, dans le Nord, où il s'occupait des Indiens, il était très apprécié : solide, serviable, toujours de bonne humeur.
il a été envoyé chez les Esquimaux en pionnier. Par la suite on lui a envoyé un compagnon, Guillaume Le Roux, un jeune Breton. Ils commençaient à peine à évangéliser les Esquimaux quand ils ont été assassinés pour des raisons qui n'ont jamais été bien élucidées, fin octobre ou début novembre 1913, non loin de la ville de Coppermine (qui n'avait pas encore été fondée).
leur mort a été découverte au moins un an après. Une enquête a été faite par l'inspecteur LaNauze, de la police canadienne (au premier plan sur la photo),
LaNauze a rencontré les Esquimaux du Cuivre (la tribu en question)
et notamment une jeune fille vêtue d'une soutane
c'était probablement la soutane de Jean-Baptiste ou de Guillaume, c'est ainsi que LaNauze a trouvé la trace des assassins, qui ont été arrêtés en 1916, jugés et condamnés, mais libérés à la demande de l'évêque. Comme c'était la guerre de 14, tout le monde a oublié l'histoire.
Pour les 25 ans de leur mort, en 1938, la congrégation voulait faire béatifier les deux martyrs, pas mal de livres et d'articles ont paru au sujet de leur mort, mais là-dessus est arrivée la guerre de 39, et l'histoire a été de nouveau oubliée.
Et après ça, je suis tombée dessus et j'ai décidé d'en faire quelque chose, mais j'ai du mal à passer à l'action !
pour la suite... il faut que je refasse toutes mes recherches aux archives départementales, diocésaines, communales et autres... si j'avais sauvegardé ma disquette, j'aurais gagné du temps... Quelle idiote !!!
je dois avoir encore quelques notes sur des bouts de papiers, quelque part chez moi, mais il y a tellement de désordre que je ne sais plus où c'est... Avec ça je pourrais reconstituer un peu l'histoire.
en gros (sauf erreur) :
Jean-Baptiste est né en 1881, le deuxième de 13.
à 14 ans il est entré au petit séminaire de Marvejols.
à 19 ans il est entré au noviciat des Oblats de Marie Immaculée, à L'Osier (Isère), puis il a continué ses études au scolasticat de la congrégagtion, à Liège en Belgique. Pendant qu'il était en Belgique, sa mère est morte, en 1904.
il a été ordonné prêtre, puis il s'est embarqué pour le Canada en 1907.
il est resté un certain temps à Good Hope, dans le Nord, où il s'occupait des Indiens, il était très apprécié : solide, serviable, toujours de bonne humeur.
il a été envoyé chez les Esquimaux en pionnier. Par la suite on lui a envoyé un compagnon, Guillaume Le Roux, un jeune Breton. Ils commençaient à peine à évangéliser les Esquimaux quand ils ont été assassinés pour des raisons qui n'ont jamais été bien élucidées, fin octobre ou début novembre 1913, non loin de la ville de Coppermine (qui n'avait pas encore été fondée).
leur mort a été découverte au moins un an après. Une enquête a été faite par l'inspecteur LaNauze, de la police canadienne (au premier plan sur la photo),
LaNauze a rencontré les Esquimaux du Cuivre (la tribu en question)
et notamment une jeune fille vêtue d'une soutane
c'était probablement la soutane de Jean-Baptiste ou de Guillaume, c'est ainsi que LaNauze a trouvé la trace des assassins, qui ont été arrêtés en 1916, jugés et condamnés, mais libérés à la demande de l'évêque. Comme c'était la guerre de 14, tout le monde a oublié l'histoire.
Pour les 25 ans de leur mort, en 1938, la congrégation voulait faire béatifier les deux martyrs, pas mal de livres et d'articles ont paru au sujet de leur mort, mais là-dessus est arrivée la guerre de 39, et l'histoire a été de nouveau oubliée.
Et après ça, je suis tombée dessus et j'ai décidé d'en faire quelque chose, mais j'ai du mal à passer à l'action !
Dernière édition par Fée Violine le Dim 10 Aoû - 21:49, édité 1 fois
Re: Jean-Baptiste Rouvière
Joli début en tout cas c'est bien d'avoir fait remonter cette histoire qui serait
oubliée sans tes recherches.
millou- Membre trop actif
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Re: Jean-Baptiste Rouvière
Après avoir dit que tous mes documents avaient disparu avec cette disquette, j'ai un peu cherché dans mon fouillis, j'ai retrouvé le carton avec tous les livres et les papiers, je me suis replongée dedans, et en fait, les dégâts ne sont pas considérables, car j'ai gardé toutes mes notes sur papier. Donc avec un peu de bonne volonté, je devrais y arriver.......
Re: Jean-Baptiste Rouvière
La religion, l'ordre
ou
L'athée & son désordre
Bienvenue à votre épitaphe, histoire de faits par une Fée
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A verdade do privato- Membre
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Re: Jean-Baptiste Rouvière
pourquoi faudrait-il assimiler la religion et l'ordre ? enfin ça dépend ce qu'on entend par ordre. En tant que personne pagailleuse, mais stressée par le désordre, je suis perpétuellement à la recherche de l'ordre, et je ne l'atteinds jamais. Ce serait un beau sujet de réflexion que le rapport entre l'ordre et la vie. Mais revenons à nos moutons...
Mon intention n'est pas de faire l'épitaphe de JB mais plutôt de le rendre vivant, dans la mesure du possible.
Mon intention n'est pas de faire l'épitaphe de JB mais plutôt de le rendre vivant, dans la mesure du possible.
Re: Jean-Baptiste Rouvière
je pense que plume voulait parler de ça " Oblats de Marie Immaculée," en parlant d'ordre et non de "foutoir, binze, chaos,bordel, merdier et autres qualificatifs" employaient par les adorateurs de ce qui ne sort pas des sentiers battus
baboulaa- Membre trop actif
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Jean-Baptiste Rouvière
Ne percevez que mon respect Fée Violine pour ce que vous avez déjà entrepris
Poursuivez à votre rythme tout simplement, nous patienterons sans faille./.
Votre Tam Tam Baboulaa raisonne de sens, bienvenu à ses roulements anticonformistes.
Alors, comment se porte M. Bougès dans le moment, théâtre de beauté & d'escapade ?
Poursuivez à votre rythme tout simplement, nous patienterons sans faille./.
Votre Tam Tam Baboulaa raisonne de sens, bienvenu à ses roulements anticonformistes.
Alors, comment se porte M. Bougès dans le moment, théâtre de beauté & d'escapade ?
A verdade do privato- Membre
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Re: Jean-Baptiste Rouvière
ah bon, j'avais mal compris.
cela dit, les Oblats de Marie Immaculée sont une congrégation, pas un ordre ! (je ne saurais pas expliquer la différence)
cela dit, les Oblats de Marie Immaculée sont une congrégation, pas un ordre ! (je ne saurais pas expliquer la différence)
Re: Jean-Baptiste Rouvière
« Ordre religieux, c’est un terme très ancien, il remonte je crois à l’an mille, Il faut le prendre dans le sens stricte : Devoir, règle, règlement, discipline, sous le commandement d'un Supérieur.
La « congrégation», c’est dans le sens « réunion » du « troupeau » c’est une compagnie, un corps de plusieurs personnes religieuses ou aussi séculières, vivant sous une même règle. Autrefois c’était la division d'un ordre religieux.
Voilà, c’est tout ce que je peux vous dire.
La « congrégation», c’est dans le sens « réunion » du « troupeau » c’est une compagnie, un corps de plusieurs personnes religieuses ou aussi séculières, vivant sous une même règle. Autrefois c’était la division d'un ordre religieux.
Voilà, c’est tout ce que je peux vous dire.
Invité- Invité
Re: Jean-Baptiste Rouvière
Tu cites ce texte, : « Le paysan tient plus à ses bœufs qu’à sa femme ». « Jusqu’en 1914 le paysan lozérien ne fréquentait pas le médecin. » (Aspects de la vie et du pays lozérien, 1948).
Mon grand père était médecin, né en 1882, si je ne l’ai presque pas connu, je peux t’assurer qu’il n’a pas fait fortune en pratiquant son art. il a eu deux fils, dont l’un fut médecin comme lui, mon père, né en 1910. Son père n’a pas voulu qu’il s’installe en Lozère, et comme il était trop pauvre pour l’aider à s’installer ailleurs, mon père est devenu médecin Militaire.
Mon grand père était médecin, né en 1882, si je ne l’ai presque pas connu, je peux t’assurer qu’il n’a pas fait fortune en pratiquant son art. il a eu deux fils, dont l’un fut médecin comme lui, mon père, né en 1910. Son père n’a pas voulu qu’il s’installe en Lozère, et comme il était trop pauvre pour l’aider à s’installer ailleurs, mon père est devenu médecin Militaire.
Invité- Invité
Re: Jean-Baptiste Rouvière
GUS a écrit:« Ordre religieux, c’est un terme très ancien, il remonte je crois à l’an mille, Il faut le prendre dans le sens stricte : Devoir, règle, règlement, discipline, sous le commandement d'un Supérieur.
La « congrégation», c’est dans le sens « réunion » du « troupeau » c’est une compagnie, un corps de plusieurs personnes religieuses ou aussi séculières, vivant sous une même règle. Autrefois c’était la division d'un ordre religieux.
Voilà, c’est tout ce que je peux vous dire.
j'ai cherché dans le dictionnaire, et la différence a l'air assez floue. Apparemment, on appelle congrégations les ordres les plus récents, tandis que "ordre" ne s'emploie que pour les Dominicains, les Franciscains, les Bénédictins, bref ceux qui remontent au Moyen Âge.
Re: Jean-Baptiste Rouvière
Bonjour à tous!
C'est certainement un peu tard pour vous prévenir (toutes mes excuses) mais je signale, pour ceux que ça intéresserait et qui sont sur Mende, que je fais une conférence sur Jean-Baptiste Rouvière cet après-midi, à 17h 30, au CER, Cercle d'études et de recherches, avenue Foch.
J'avais laissé tomber mes recherches, mais comme 1913 est le centenaire de sa mort, je me suis réveillée et nous préparons (moi et une personne dynamique dont j'ai fait connaissance grâce à internet) diverses manifestations pour cet été : conférence de Patrick Cabanel (historien lozérien bien connu), expositions etc etc.
Je vous tiendrai au courant!
C'est certainement un peu tard pour vous prévenir (toutes mes excuses) mais je signale, pour ceux que ça intéresserait et qui sont sur Mende, que je fais une conférence sur Jean-Baptiste Rouvière cet après-midi, à 17h 30, au CER, Cercle d'études et de recherches, avenue Foch.
J'avais laissé tomber mes recherches, mais comme 1913 est le centenaire de sa mort, je me suis réveillée et nous préparons (moi et une personne dynamique dont j'ai fait connaissance grâce à internet) diverses manifestations pour cet été : conférence de Patrick Cabanel (historien lozérien bien connu), expositions etc etc.
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