Personnelle Mende

[Maître Goupil]

Mende, charmante bourgade du nord du département appelé quelquefois improprement Lozère alors qu'il s'agit en réalité des Hautes Cévennes, s'élève dans un vallon charmant sur le bord du Lot, au pied de montagnes d'où jaillissent un grand nombre de sources qui s'en vont serpentant à travers les jardins et les prairies des bastides éparses autour de la ville, lequel Lot n'est ni si joli ni si petit qu'on veut bien le dire, surtout quand il est gros.

En ce jour de la sainte Blaise où chacun est supposé être à l'aise, c'est les pieds dans la nasbinalaise glaise que le célèbre contre-révolutionnaire Marc Antoine Charrier, notaire de son métier et non pas charron comme on pourrait le croire (de même que Marc Antoine Charpentier fut musicien et non pas menuisier), refusant de se consacrer au culte de la Raison, revendiqua le droit à la religion chrétienne jusqu'à atteindre un accès direct aux cieux via l'échafaud en 1793.
Les mendois, quant à eux, soutînrent ces idées nouvelles de culte de l'être suprême chères aux cœurs républicains.
Aussi, les cévenols (545 m à Florac) qui gratifient les mendois (726 m à Mende) de la haine la plus cordiale dévolue à un montagnard, à un gavot, les surnommèrent, pour leur attachement républicain, les gavots de la république (à ne pas confondre avec ceux de la Huchette bien sûr).

Dans cette ville aux deux saisons, l'hiver et le quinze août, la musique et la chanson ont une part importante.

"La mendine, ta maman, tremble de peur, elle s'inquiète".
Elle ne cesse de lui dire depuis qu'elle a mis bas "Bouba *, Bouba, mon petit ourson, fais bien attention de ne pas t'éloigner du chemin de la maison".

* Que l'on ne confondra pas avec Baboulaa, autre espèce d'ours, chanacois quant à lui, hélas en voie de disparition.
Des rumeurs locales incertaines feraient état d'une origine mendoise de la fameuse chanteuse Chantal Goya.
Cette hypothèse semble toutefois aussi peu crédible que celle qui consiste à prétendre que Bécassine, c'est ma cousine !

L'église occupe dans ce paysage musical une position dominante et c'est ainsi que les cloches de la ville de Mende, elles, sonnent, certes non-pareilles au célèbre bourdon détruit par les hommes du bon Merle (dont la causticité n'est plus à démontrer, lui le moqueur) pour en faire des canons, néanmoins de façon notoirement significative.

Les loisirs ne sont pas nombreux localement, il n'y a pas de beaux livres à Mende à lire et pas de généreux volumes, dont les pages vierges mal reliées nécessiteraient dégrafage pour découvrir entre leurs feuillets écartés des signes de littérature.
La cuisine y est en revanche à l'honneur à l'occasion, mais pas seulement, de la célébration du nouvel an chinois.
Amateur de potées, on y aime à Mende choux.
On y adule également ces préparations sinophiles roboratives à base d'amandes, choux, riz.
A défaut d'un entrain immodéré pour le travail, les habitants de Mende y bullent.
Dotés d'un solide appétit et d'une bonne constitution, ils n'ont toutefois rien à craindre d'une digestion difficile, car, c'est bien connu, l'habitant de Mende a reins.
On dit souvent que, lors de ces fêtes et de ces défilés chinois, le mendois, fortement imbibé, à la masse rit.

On doit à la vérité de dire que la mendoise n'est pas non plus exempte de tout reproche.
Parmi les caractères principaux de la mendoise, il est un sujet que l'on ne saurait éviter si l'on ne veut passer à côté d'un élément majeur de sa personnalité, en un mot son appétit sexuel. Qu'elle soit dame de haute extraction, gueuse, fée, voire pire, l'habitante de Mende au lit ne se satisfait pas d'approximations. Aussi veille-t-elle à ce que bande Jo, son amant, sauf bien sûr à ce que ce dernier ne se laisse aller à son penchant naturel prononcé pour l'éthylisme. Il n'est pas rare en effet qu'il mette la main au curaçao. Bref…

L'activité économique s'articule en cette bourgade autour de la culture du pois qui, il faut le dire, fait loi. Pas seulement d'ailleurs une, mais trois, des lois, qui firent de Mendel le père de la génétique moderne.
Au-delà de l'utilisation frauduleuse qui fut faite à une certaine époque de ces théories, c'est la démonstration truquée des résultats qui fait maintenant l'objet d'une reconnaîssance unanime.
Statistiques tronquées où il chercha à noyer le Poisson et sa loi des grands nombres, sans, toutefois réussir à tromper les mendois. De cela, sur l'esplanade Chaptal, toute la place gausse. Comment, en effet, tirer à pile ou face des pois ronds qui n'ont pas de tranche et en tirer des conséquences statistiques en vertu de la théorie de l'aber noyé (hum...hum) ?

La moindre des tares locales ne saurait être éludée ici.
Le moindre texte, la moindre loi, le moindre arrêté sont ici régulièrement changés, car le peuple exige que, contrairement à ce qu'il lui a été dit faussement, ils soient adaptés.
C'est que l'homme politique à Mende ment.

Tout a, semble-t-il, été dit.
Y aurait-il quelque chose à ajouter ?
A vous…

[cilaos]

Pour l'instant rien à rajouter, juste bravo encore .

[Piboule]

C'est tout bonnement génial ! Comment assurer derrière ?

[baboulaa]

L'ours à la peau dure et il ne faut pas la vendre avant de l'avoir tué...
Si non bravo.....

[Surcouf]

Toutefois, deux (a minima) précisions s'imposent :

Mende, charmante bourgade du nord du département appelé quelquefois improprement Lozère alors qu'il s'agit en réalité des Hautes Cévennes de l'Auvergne méridionale.
Les cévenols (545 m à Florac) gratifient les mendois (726 m à Mende) de la haine la plus cordiale, ceux-ci la leur rendant bien. Si les premiers sont amateurs de chataignes, les seconds distribuent facilement les mendales aux irréverencieux.

[Fraissinet]

Ce serait en effet dommage de se priver d'un commentaire aussi intelligent que celui du remplacement des Hautes Cévennes par l'Auvergne méridionale, qui n'est une fois encore que le signe de l'obscurantisme septentrional * bien connu de ce forum.

* Pour les incultes néanmoins avides de culture qui veulent comprendre ce qui précède,
En latin, Septemtriones signifie les sept bœufs (de l'Aubrac ou de la Margeride donc).
Autrefois, la constellation que nous appelons désormais Grande Ourse était appelée constellation des sept bœufs.
L’étoile la plus brillante de la Petite Ourse est α Ursae Minoris, appelée l’étoile polaire car sa position indique le nord avec une bonne précision.

Le terme septentrion est donc un synonyme vieilli de nord, faisant référence à cette constellation qui indiquait la direction du nord aux Romains, mais l’adjectif septentrional, qui en découle, reste très usité (WP).

[Maître Goupil]

Il n'y a ici aucune amende à prendre, sauf peut être une concernant une utilisation trop intensive de la mauresque et de son sirop d'orgeat.
Il n'y aura aucun procès verbal de dressé sauf peut être celui d'adultère (à condition d'être pris en flagrant des lits) !
Vous pouvez donc tous et toutes en toute quiétude commenter (et contester, le cas échéant) à foison!

[Piboule]

Le breuvage à base de Gentiane est à Mende amer ce qui expliquerait peut-être le rictus qui sert de sourire. Le citoyen moyen à Mende doit beaucoup de son carractère peu avenant à la pression plus ou moins inamicale qu'il endure de la part de peuplades plus ou moins, plutôt moins que plus d'ailleurs, civilisées venues du grand sud.
En effet, conquis depuis des lustres par la royauté, le catholicisme et les précieuses ridicules, d'ailleurs plus précieuses que ridicules, il se voit dans l'obligation de chasser l'os stère par terre, fleuve ou autres moyens peu pratiques dont le pire est le rail. Il y a cru ferme à ce cheval vapeur, mais désormais le voilà cul par terre avec sa foi-rail.
Il fut une époque bénîte où foisonnaient rubans et dentelles, marquis et marquises. On pouvait dire qu'elle était chalde la coste du chevalier d'antan...

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