Bourreau ou victime?

[Invité]

Je me permet ici de vous communiquer cette interrogation lancinate qund, comme hier soir, je regarde un film ou lit un bouquin sur la déportation( ou tout autre barbarie comme le Rouanda par exemple).

Aurais été un bourreau où une victime?

J'ai le sentiment que si l'on me plonge dans une horreur telle, je pourrai par faim, par douleur, par désespoir devenir boureau.
Il me semble que d'infimes détail séparent les " bons pères de famille" devenus boureaux.

Il y a aussi ces '" p...."d'idéologies , les psychorigides persuadés que leur monde , leur opinion est la seule valable.
Je n'aime rien d'entier à cause de cela et me méfie de ces certitudes que l'on nous assène à tout propos.
Toujours se poser des questions, se remettre en question mais cela suffirait il dans de telles conditions?

Bien sur il y a aussi la manipulation des plus faibles, des "communs" qui amène à ce genre d'horreur.

Et pourtant lancinate, la question revient qu'aurai je été, dans quel camp me serait je située, héroine, martyre ou assassin cruel?
Nous sommes si peu différents.

[Invité]

Bourreau certainement pas , victime sans doute , héroine je ne sais pas... on a tous en nous un potentiel de courage et de force décuplée pour réagir face à des situations difficiles, extrêmes

POURQUOI on réagit ainsi et pas autrement ds telle situation ??

Quant on pense à ces millions de personnes déportées , on peut se poser la question , pourquoi elles n'ont pas réagi en masse , la peur sans doute...le renoncement , je ne sais pas


Je ne juge pas , j'essaie de comprendre

Je ne pourrai pas faire de mal à une personne pour sauver ma peau


Un pt test à faire ,j'ai pas encore le temps de le faire


http://www.freewarriors.org/test.htm

[Invité]

C'es extrèmement complexe ce qui c'est passé.Un post ne suffirait sans doute pas à expliquer les différents mécanismes.

Cependant Velvet, je me permet de te dire qu'à 20 ans je pensais comme toi et maintenant, au fur et à mesure de mes connaissancesje doute de plus en plus sur mes réactions .

Comment en effet réagirions nous, collectivement et individuellement , si depuis notre confort du quotidien en moins d'une heure, dépossédés, sans repères, nous étions plongés dans un wagon à bestiau .
Comment réagirai je, moi qui n'ai jamais connu la faim ou la soif, si l'on me plogeai dans cet enfer?

Comment serai je si j'étais déshumanisée par la faim, la soif, la promiscuité, les coups ?

Aurais- je encore ce minimum de raison humaine ou animale, seulement préocupée par ma survie au mépris de celle des autres?

Et puis serais celle ci, persuadée de mes idées, engagée, pure même qui enferme, torture au nom de Dieu ou des hommes peu importe.
Tant de gens qui auraient tété des êtres humains communs sombrent dans l'ignominie au nom de tant de causes?

Et cela en toute bonne conscience, croyant bien faire.

En cela le film d'hier sur la 5 était très révelateur. Un nazi ayant failli être prêtre pensait faire son devoir enétant le judas des temps modernes, celui qui, par sa trhison, amenait la rédemption.

[Albanie]

Arclou, c'est une question que je me pose très souvent, parfois avec inquiétude. L'histoire, le cours du temps, le regard en arrière transforme notre vision des choses. Avec le recul, la rétroperspective, on prend toujours les bonnes décisions! Mais quand on est en plein dedans, quand on ne voit pas l'avenir, quand on craint pour sa famille... Si j'avais été Allemande en 1942, qu'est-ce que j'aurai fait?
A ce propos, as-tu vu ce film extraordinaire, "Le Pianiste", qui montre bien les frontières nébuleuses entre un bord et l'autre... Pour finir, c'est un officier SS qui sauve le pianiste juif.

[Piboule]

Dans un premier temps on désigne les coupables et c'est quand tout le monde est convaincu du bien fondé de la chose que les persécussions commencent.
Alors s'il y a une majorité du politiquement bien pensant, pour l'ordre étabbit c'est la catastrophe.
La bête immonde est en chacun de nous, même si nous la domminons il faut combattre jour après jour pour que de telles conditions ne soient plus réunies, après c'est plus dur, quand on doit sauver sa peau, nourrir sa famille qui crève de faim on a peu le loisir de se révolter, de partir au combat quand sa propre survie en est déjà un.
Il n'y a pas de propos racistes ou xénophobes innocent la plus petite parcelle de silence face à de telles choses alimente la bête, la rend ordinaire, puis nécessaire et voire même indispensable.
Je pense pour avoir lu certains bouquins que même en France lors de la dernière guerre beaucoup pensaient qu'il y avait quelque chose de mérité dans ce qu'il arrivait à ces gens.
C'est dans ces moments aussi que des hommes et des femmes qui auraient eu un destin tout à fait ordinaire ont su relever la tête, combattre, gagner aux prix de sacrifices importants pour sauver notre âme. En mémoire d'eux nous nous devons de rester vigilants.
C'est pour cela que je n'approuverai jamais ceux et celles qui fleurtent avec ce genre de personnes, en leur donnant leur caution morale ils rendent les choses ordinaires.

[Cool]

"Comment serai je si j'étais déshumanisée par la faim, la soif, la promiscuité, les coups ?" se demande Arclou.

Fichue bonne question, si on y met en regard ce célèbre fait divers où des membres d'une équipe de rugby, perdus dans une catastrophe sur la cordillière des andes, furent amenés à manger des restes humains...

[Invité]

Piboule- Renée peu de gens savaient exactement mais cela ne change pas le problème à mes yeux.
Le phénomène moutonier est un facteur agravant il est vrai.
Je pense souvent à Brassens:" mourir pour des idées, l'idée est excellente moi j'ai failli mourrir de ne pas l'avoir eue car tout ceux qui savaient, MUlTITUDE ACCABLANTE, en hurlant à la mort ,me sont tombés dessus.

Ceux qui y étaient , eux, savaient.
Idem en Ouganda il y a peu de temps où le voisin, l'ami est devenu massacreur.
La ST Barthelemy était similaire.

La réponse de Cool montre bien à quelles limites notre côté civilisé est confronté.

Et puis, iL y a aussi le fait que faire souffrir est si facile et faire du bien si difficile.

[Piboule]

je pense arclou que le mal est aussi difficile que le bien à faire mais le pire est l'indifférence et là c'est le plus facile, on ne savait pas, on pensait que ce n'était pas si grave...

Je suis d'accord avec vous deux qu'en cas de crise forte le meilleur comme le pire se révèle donc soyons vigilant avant !

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