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Histoire de Thé...

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Histoire de Thé... Empty Histoire de Thé...

Message par Invité Mar 22 Mai - 22:17

Histoire de thé

Un petit retour en arrière, nous sommes en 2737 avant JC... Et la caravane passait déjà !

L’empereur Chinois « Chen Nung » s’assoupit à l’ombre d’un théier sauvage, il avait abandonné le chêne à cause des glands ! Une brise légère mais tenace amène quelques feuilles dans sa tasse et au réveil il découvre ce merveilleux breuvage. C’est le début de sa mise en culture.
Il suit tout d’abord la route des caravanes malgré le cri... De Jésus.
C’est la Mongolie, le Tibet, le Moyen-Orient puis la Russie. C’est ainsi que les bateliers de la Volga organisent des Wodka’ Tea très chaudes, il est curieux de réaliser ainsi l’origine de nos « surprises par tea », d’ailleurs « la boum » n’est que le triste souvenir d’une wodka’tea qui se termina par le fond et déclencha l’explosion d’une cargaison de dynamite.

Encore une fois c’est à la cour du roi soleil que l’on découvre le thé, Madame de Sévigné en fait état dans une de ses lettres et souligne le fait que les Français y ajoutent un nuage de lait... Et oui, pâturages et labourages....

Les plus grands producteurs de thé sont la Chine, l’Inde, le Sri Lanka, mais aussi Taïwan l’Indonésie et le Japon... Le Japon où un moine (oui encore un) fit connaître le thé au IV siècle. Il le cultive au pied de la montagne sacrée d’Hirizan. Dans ce pays le thé, plus qu’un breuvage est une philosophie, une cérémonie transmise de génération en génération.
Le « cha-no-yu » est un moment de grande convivialité, les gestes sont mesurés, les saluts mutuels, on se déplace sur les genoux... Pendant quatre heures ! On reste rêveur quand on pense à nos pauvres « cinq à sept » ! C’est beaucoup plus parlant mais combien moins poétique que le « cha-no-yu » le nom est déjà une caresse. Bref le « cinq à sept » est au « cha-no-yu » ce que Macdo est à la gastronomie Française !

Impossible de parler de thé sans évoquer nos amis Anglais qui en consomment à longueur de journée, mais bon.... Faut voir avec quoi : des sandwichs au concombre, du poisson, des œufs brouillés.

Le « Barine » lui passe sa journée autour d’un samovar et sert le thé dans un verre muni d’un porte verre en métal, il coince un morceau de sucre entre ses dents et le thé s’en imprègne. L’opération se fait dans le plus grand silence !

Imaginez la scène...
Le carreau est au trois quarts givré, la steppe est blanche, la bise couche les arbres squelettiques, le samovar fume en grondant.
Soudain dans un nuage de neige le traîneau s’arrête dans la cour, les naseaux des chiens fument, une silhouette s’avance sur le perron. On entend dans le Hall Milanovitch accueillir le visiteur.
Dans l’âtre monte les flammes, une bûche s’écroule... La pièce est sombre, seule une chandelle brûle sur le piano...
Une jeune femme est assise, une mélodie s’élève, on introduit le visiteur...
ARFFF ! J’irai bien le boire moi ce thé !

Je ne sais dans quel était je finirai ce soir, les Marocains considèrent le thé comme « amer comme la mort, sucré comme la vie et doux comme l’amour ».

On va peut-être laisser nos sauvages d’outre-atlantique avec leur consommé lyophilisé, inutile de s’attarder !

Eh oui, le thé comme le monde passe sous la fenêtre du poète pour se faire habiller de rêves !

VioletteSereine, la seule bergère qui ne craint pas une bergerie « hantée » !

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Message par leburton Mer 23 Mai - 4:28

c'est marrant, tu nous parles de thé et au-dessus je vois des pubs pour le thé! C'est voulu ou un pur hasard ?

leburton
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Message par leburton Mer 23 Mai - 4:28

Pur hasard! ça vient d'être remplacé.

leburton
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Message par Invité Mer 23 Mai - 5:35

La Chine : le berceau de la civilisation du thé

Les premiers écrits mentionnant le thé sont le Shijing (Livre des chants) et le Er'ya (VIII-VII s. av. JC). L'idéogramme employé alors, "tu", désignait en fait une "herbe amère" mal définie. Une prononciation distincte, "cha", fut rendue obligatoire sous la dynastie Han (206 av. JC - 220 apr. JC), mais l'idéogramme ne se précisa qu'à partir du VIII siècle. Ce qui représente près de seize siècles d'incertitude linguistique.

Ce qui peut sembler certain c'est que l'apparition du thé, et non de cette vague "herbe amère", se fit sous la forme d'un breuvage thérapeutique sous les Han de l'Ouest (206 av. JC - 24 apr. JC). Ce n'est qu'à la fin de la dynastie Han de l'Est (25 - 220) et à l'époque des Trois Royaumes (220-280) qu'il devint une boisson quotidienne, puis, à partir de la seconde moitié de la dynastie Tang (618-907), notamment sous l'impulsion du Maître Lu Yu, le breuvage de prédilection des poètes et des artistes.

Le thé, notamment compressé sous forme de brique, devient monnaie d'échange et tribut. On en accorde aux peuples fougueux du Nord contre des chevaux pour l'armée ou en échange de la paix. Les première routes du thé sont créées partant de la Chine du Nord à la Mongolie ou de la Chine du Sud-Ouest au Tibet. Cette dernière, longue de 1500 km, fréquentée par des caravanes de chameaux ou de yacks, traversait une cinquantaine de cols et parfois à plus de 5000 m d’altitude !

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Message par Invité Mer 23 Mai - 5:37

Le Japon découvre le thé

Le moine japonais Saicho (767-822) revint d'un voyage en Chine avec quelques graines de théier qu'il planta à Sakamoto, au pied de la montagne sacrée de Heizan. Mais il fallut attendre la fin du XII siècle pour qu'une vraie culture du thé s'installe au Japon. Elle connut son apogée au XVI siècle, avec la codification, par Sen No Rikyu, de la cérémonie japonaise de thé (Chanoyu), d'inspiration zen.

L'Europe part à la rencontre du thé

Quelques missionnaires eurent, au XVI siècle, quelques mots sur cette herbe "suavem gustu, nomine chia" ("au goût suave, nommée chia). Mais ce sont les Hollandais qui rapportèrent en Europe, vers 1606, les premières caisses de thé. Ce navire hollandais venait de Java où les Hollandais avaient établi un relais-dépôt pour les produits venant d'Orient et où le thé avait dû être apporté par des bateaux chinois. Ces fameuses caisses avaient été échangées contre de la sauge à raison d'une caisse de sauge contre trois caisses de thé. Les Hollandais étaient persuadés que la sauge allait conquérir l'Asie... mais c'est le thé qui conquit l'Europe.

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Message par Invité Mer 23 Mai - 5:39

Les Anglais font main basse

Les Anglais découvrirent le thé avec quelques décennies de retard sur l'Europe continentale. En effet il fallut du temps avant que le thé ne puisse remplacer la boisson fétiche des Anglais: le café! La célèbre compagnie d'assurance Lloyds doit d'ailleurs son nom à un café Lloyd où l'on inscrivait, sur un grand tableau, les arrivées et les départs des bateaux.

Le Japon ayant fermé ses ports à l'Occident, en 1638, à la suite de divers problèmes causés par des missionnaires portugais, la Chine demeurait seul fournisseur possible de thé. L'East India Company, créée au début du XVI par la reine Elisabeth, disposant de pouvoirs habituellement réservés à l'Etat (frapper la monnaie, maintenir des forts et des bataillons, conquérir des territoires, former des alliances, déclarer la guerre ou punir les contrebandiers...) commença une politique offensive, évinçant tous les concurrents éventuels (Hollandais, Français...) afin de s'assurer le monopole des transactions avec la Chine. Elle l'obtint de 1715 à 1834.

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Message par Invité Mer 23 Mai - 5:41

Cérémonie du thé au Japon

http://stampf.lutin.free.fr/the/chanoyu/


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Message par Invité Mer 23 Mai - 5:47

Cérémonie du thé au Sahara

La cérémonie du thé dans le Sahara algérien est une tradition, un art et une philosophie, étroitement liés aux coutumes d’hospitalité dans la halte du voyageur qu’est l’oasis. A l’instar de la célèbre cérémonie du thé japonais, la sagesse à laquelle fait référence le cérémonial des oasis rattache encore la vie sociale des habitants à une culture ancestrale. "Elle est fondamentalement basée sur la recherche de l’équilibre dans un milieu hostile, la consultation, la contemplation et la bienséance envers les voyageurs. Etancher la soif d’une caravane sillonnant le désert avec cette boisson est le summum de la bienveillance", nous dira un sage d’In Salah.

Le cérémonial du thé conserve son ascendant sur la sensibilité artistique dans les oasis, ce qui est un aspect non négligeable de la question. Le patrimoine oral est, en effet, très riche en poèmes, chants et proverbes pleins de sagesse aussi bien chez les bédouins que chez les sédentaires qui témoignent du plaisir et de la sérénité procurés par une séance de thé. Vient ensuite le cachet folklorique qui s’impose au fil des jours, hormis dans des communautés restreintes, où un protocole crypté donne toute son ampleur à la hiérarchisation des membres.

Le thé, une boisson récente dans les oasis
Le café, boisson traditionnelle du continent noir, fournisseur de plus de la moitié de la demande mondiale, n’est détrôné qu’en 1900 chez les populations des oasis. Cette thèse, qui reste à établir, en surprend plus d’un, puisque les Ouarglis en particulier ne l’ont découverte qu’avec la première édition des " Repères pour l’histoire de Ouargla 1872-1992 " de Denys Pillet. L’ouvrage introduit en marge des grands événements de l’an 1900 le témoignage de V. Largeau, officier et explorateur français ayant participé aux nombreuses expéditions françaises en Afrique dès la fin du XVIIIe siècle. Chargées de dessiner un tracé traversant le désert en direction du Soudan, ces expéditions avaient pour départ Ouargla et passaient par le Tassili et le Hoggar. Leur objectif était de relier les possessions françaises d’Afrique du Nord et d’Afrique noire.

Servir du thé : une histoire, un art

Le déroulement de la cérémonie, la pondération et l’élégance des gestes, les dimensions philosophique et esthétique sont autant de volets intéressants à observer, dans la mesure où ils retracent des aspects historiques et artistiques du rituel d’une boisson princière qui depuis s’est démocratisée. Le thé était d’abord un produit de luxe. Importé de loin, probablement du Kenya, 3e producteur mondial, ses accessoires l’étaient aussi. Ils exprimaient le prestige et l’opulence, particulièrement chez les notables. Plusieurs vieilles familles sollicitées nous parleront de l’inestimable valeur de vaisselle pour thé, héritée des aïeux. Jalousement gardées, ces pièces de musée représentent le récipient à eau communément appelé babord que nous ne verrons point. "Une pièce unique se trouve chez une famille d’In Salah", dira une vieille dame. En cuivre aux trois couleurs, cet ustensile comporte trois paliers : l’un pour les braises, le second pour l’eau et enfin la cheminée, le tout sur quatre pieds.

Apprendre à servir du thé


Un grand plateau en cuivre doré s’y ajoute et, toutes aussi luxueuses, les petites tasses appelées taous en porcelaine de Chine. La théière, el berrad el maghrabi, est quant à elle une merveille marocaine en cuivre blanc qu’une vieille dame n’hésite pas à nous montrer. Les autres ustensiles sont respectivement rbiâat latay, coffrets chinois en fer appelés les quarts ornementés, un grand coffre targui en bois et cuir pour le rangement de la vaisselle et un mendil pour l’essuyage. De nos jours, les penchants sont plus sobres, le fer émaillé ou carrément l’inox ont supplanté cette vaisselle de luxe dont les spécimens ne sont exhibés qu’en de rares occasions.

Jadis, seuls les hommes préparaient le thé pour leur plaisir personnel, celui d’amis ou d’hôtes de marque raconte Hadja Zahra qui ajoute : "Les femmes, quant à elles, ne le prenaient que de temps en temps en guise de petite gâterie lors de grandes occasions familiales ou religieuses, et à l’inverse de l’Orient, le thé vert est plus prisé chez nous. Il est agrémenté de menthe verte, appréciée aussi bien fraîche que séchée. Les autres ingrédients sont le sucre pour adoucir l’amertume naturelle des feuilles de thé, les cacahuètes comme accompagnement et enfin l’encens, el bkhour, traditionnel égaye l’ambiance.

Egayer l’atmosphère

Le but de l’opération étant de tout préparer devant les convives qui se placent tout autour, trois verres sont sereinement bus à petites gorgées. Le cérémonial ainsi décrit se déroule selon des traditions immuables pendant une heure et demie, temps consacré allègrement par les connaisseurs à un moment de plaisir où des anecdotes, de la poésie et des états d’âme sont évoqués en terrain ami.

La préparation du thé diffère à quelques détails près, selon les régions. L’eau est généralement bouillie, elle est froide dans certaines oasis de l’extrême sud-est du pays. Une dose moyenne de feuilles de thé, un mélange savant de chaâra (longues feuilles) et mkâabar (feuilles rondes), une dose de menthe séchée, sont mises dans la théière de gauche. Après le lavage des feuilles, de l’eau bouillie est versée sur le mélange thé-menthe qui sera mis sur les braises pour un bon quart d’heure.

Le thé échoit dans la deuxième théière, celle de droite, emplie de menthe fraîchement cueillie, pour être longuement transvasé de la théière à une grande chope jusqu’à ce que la boisson devienne mousseuse. La mousse est synonyme de chance et de fortune, c’est un beau présage. Selon les goûts, pour des raisons de santé ou par pure fantaisie de groupes aux affinités communes, le premier verre est parfaitement différent. Il peut être totalement exempt de menthe fraîche, il sera donc servi directement de la première théière avec ou sans adduction de sucre.

A la saveur un peu amère, il est appelé lerrass (pour la tête), ou tekyaf pour les fumeurs ou amateurs de narcotiques. Le second verre, lemnaânaâ est sucré et parfumé à la menthe fraîche. Il est également aromatisé à l’essence de menthol ou au clou de girofle épandus sur le pain de sucre, elkaleb (fameuse masse de sucre blanc coulée dans des moules coniques). Quant au troisième, ettali ou lekhfif, il est léger, sucré et fortement aromatisé. Au-delà du rituel, le plus insolite dans les séances de thé demeure l’ambiance spécifique qui, si l’on n’est pas initié aux règles du thé, ne se décèle que par pur hasard. Le préparateur est effectivement le maître de la séance, choisi ou imposé par des membres influents aux affinités communes.

La règle requiert une parfaite obéissance aux exigences de la djemaâ (assemblée). Ainsi, le rituel devient un jeu codifié où la victime doit payer, après un forfait (souvent parler à haute voix, prendre directement un verre sans la permission du maître ou refuser de continuer la séance), le tribut exigé par le groupe pour la prochaine séance de thé (friandises, fruits secs ou viande selon le cas). C’est tout simplement le charme discret et l’humilité humaine d’hommes et de femmes issus d’une zone aride qui se mettent en scène en un moment privilégié.

Houria Alioua

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Message par Invité Mer 23 Mai - 6:01

Les variétés de thé

• THÉS NOIRS
Les thés noirs sont obtenus à l'aide de feuilles plus âgées. Leur goût fort provient d'une importante fermentation qui transforme la couleur de la feuille en brun noir.

• THÉS VERTS
Ce sont des thés non fermentés. Ils sont faits à partir de feuilles passées à la vapeur et roulées sur des nattes.
On chauffe les feuilles pour terminer la fermentation. Ce sont des thés clairs, légèrement amers et bus pour leurs vertus thérapeutiques.

• THÉS OOLONG

Sont appelés Oolong un mélange de thés verts et noirs chinois. Ils ont à la fois la légèreté des thés verts et le goût plus corsés des thés noirs.

• THÉS BLANCS

C'est le thé le plus rare. Il est produit exclusivement en Chine. Il est formé d'une sélection des dernières pousses dont l'infusion est de couleur or pâle.

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Message par Invité Mer 23 Mai - 6:05

Légendes du thé

En 2737 avant notre ère quelque part en Chine, et plus précisément sous un arbre, se reposait un étrange empereur: Shennong, le "laboureur divin". Son corps était humain, sa tête était celle d’un buffle et son être avait, semble-t-il, quelque chose de divin. Il fait partie des Trois Augustes avec Fuxi découvreur des trigrammes et de la divination et Huangdi qui instaura les noms de familles, les rites... Shennong, lui, apporta au peuple chinois l’agriculture (et notamment le riz, le soja, le millet, le blé, le sorgho). Toutefois pour que les Chinois puissent aller au champ il fallait veiller à leur santé. C’est ce qu’il fit: il créa également cette médecine préventive, principalement à base de plantes, la médecine chinoise de l’époque. Nous lui devons ainsi le Shennong Bencao qui est le premier herbier de Chine.

Ce jour là Shennong était donc, modestement, assis au pied d’un arbre sauvage. Certains racontent qu’à la suite de recherches sur les plantes il s’était intoxiqué. Il faisait bouillir de l’eau, afin de la purifier, lorsqu’une bise se leva et fit tomber deux-trois feuilles dans cette eau frémissante. Il la vit alors changer de couleur et fut réjoui du parfum qui s’en dégageait. Il décida de goûter et découvrit un breuvage à la fois riche en arômes et aux nombreuses vertus, dont celle d’aider à la désintoxication.

Les deux autres légendes, japonaise et indienne, nous parlent de Bodhidharma. C’était un prince indien qui au VI ème siècle partit en Chine prêcher le bouddhisme et fonder la secte Ch’an. Cette dernière se développera au Japon, près du 6 siècles après, sous le nom de zen.

Il avait fait le voeu de ne jamais dormir afin de ne pas voler un seul instant à sa mission. Malgré tout, un jour, épuisé il tomba de fatigue sur le bord d’un chemin. Et, pire encore, il rêva de femmes. A son réveil, ivre de colère, il s’arracha les paupières et les jeta. Quelques années après, en repassant au même endroit il vit que là où il avait jeté ses paupières deux arbustes avaient poussé. Des arbustes dont les feuilles ont le pouvoir de maintenir l’esprit en éveil.

A la fin de sa vie il resta assis en méditation face à un rocher pendant neuf ans. Au bout de quelques années, assez lassé, il eut le geste curieux d’arracher des feuilles de l’arbuste qui poussait à proximité et de les mâcher. Il découvrit alors que ces feuilles permettaient à l’esprit de rester dans un état de concentration, chassant l’ennui. Il put ainsi poursuivre, sans bouger, sa méditation pendant neuf années. Son image finit par se graver sur le rocher et, quant à lui, il perdit l’usage de ses jambes.

Présentés dans ces trois légendes, nous sommes bien entendu, en présence de théiers sauvages. La légende chinoise nous présente le thé sous son aspect médicinal. Une confusion avec l’idéogramme d’une plante amère "T’u" fait remonter le thé très loin dans le passé. En fait le thé, consommé certainement un peu avant notre ère mais guère plus, n’apparut d’abord que comme une boisson médicinale sous les Han de l’Ouest (206 av. JC à 24 ap. JC). Ce ne qu’à la fin de la dynastie Han de l’Est (25 à 220) et pendant l’époque des Trois Royaumes (220 à 280) qu’on en fit une boisson quotidienne puis, à partir de la deuxième moitié de la dynastie Tang (618 à 907), un allié des poètes et autres esthètes.

Les légendes indiennes et japonaises font remonter l’apparition du thé très tardivement: VI ème siècle après JC. Sachons que les premiers théiers au Japon furent apportés au début du IXème siècle et que ce furent les moines Zen qui développèrent sa culture dans l’île. Quant à l’Inde on y découvrit des théiers que tardivement (première moitié du XIXème siècle) où le secret de la présence de théiers avait été le privilège de quelques tribus vivant dans la jungle de l’Assam.

Et puis il y a cette quatrième légende:

Un homme était parti de son village à la recherche de l’éveil. Après de longues années, d’épreuve en épreuve, il était devenu un vagabond, un indésirable de nos bourgades. Un soir il se posa dans une forêt dense. Il fit un feu et pensa à tout ce qu’il avait vu, vécu et compris: des morceaux de lumière, de vérité... mais rien d’un éveil. Il se décourageait un peu lorsqu’il entendit, en haut d’un arbre, un oiseau chanter: "j’ai la dernière vérité. J’ai la dernière vérité. Elle est à celui qui viendra la chercher..." .

L’homme entreprit alors de monter tout en haut de cet arbre. L’escalade était difficile et dangereuse. Au fur et à mesure qu’il grimpait vers cette dernière vérité, il devait lutter contre le vertige. Il se guidait au chant de l’oiseau sans jamais l’apercevoir. Il parvint enfin à la cime et, baigné dans une somptueuse lumière dorée, il vit le soleil se coucher, les étoiles apparaître mais nul oiseau. Toutefois la voix, sortant de nulle part et de partout à la fois, lui dit: "tu es venu accueillir une dernière vérité alors reçois-la et pars l’offrir aux hommes qui te croiront."

A ce moment toutes ses questions se changèrent en réponses et ses réponses en questions. La lumière devint ombre et de l’ombre naquit la lumière. Tous ces morceaux de vérités éparses s’assemblèrent pour former une vérité nouvelle multiple et entière. Ainsi sa dernière vérité devint sa première. Son coeur se mit à sourire et son sourire à dire les mots de son coeur. Alors, sans redescendre de l’arbre, éveillé et léger il put continuer son chemin chevauchant quelques vents d’une sauvage sagesse.

Depuis, cet arbre du passage, de la métamorphose, qui était un théier sauvage, est vénéré. Certains d’entre nous offrent ou reçoivent quelques unes de ses feuilles, attentifs à tout ce qu’elles pourraient, dans l’éclat doré d’une tasse, nous dire ou nous chanter, sensibles à tout appel.

Voyez que le monde du thé est riche de légendes et de réalités parallèles. Et s’il est vrai qu’un peuple sans légende est destiné à mourir de froid, le thé saura nous préserver de la morsure vénéneuse et sèche de la glace...

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