Pétrole nos portes monnaie flambent
+3
totoke
kaïou
millou
7 participants
Page 2 sur 2
Page 2 sur 2 • 1, 2
Re: Pétrole nos portes monnaie flambent
Merci pour tes précisions, moi j'en étais resté aux années 70 où j'ai travaillé quelques mois dans les bois près du Massegros et près de Séverac à débarder des pins avec un Latil. les Portugais dirigeaient les chevaux pendant que toute la famille écorçait. Je vois que çà n'existe plus donc.
Invité- Invité
Re: Pétrole nos portes monnaie flambent
oui,tu es un peu en retard sur le sujet,le portos comme disent les (braves)lozériens est maintenant aux commandes du timberjack et les latils pourrissent lentement,quelques uns tournent encore dans les basses cévennes,récupérés par des paysans peu argentés qui arrondissent leurs fins de mois en faisant coupes et débardage.
L'écorçage est lui aussi mécanisé et se fait soit sur place avec des machines à rotor soit à la scierie sur des outils guidés par scanneur.
il en est de mème pour l'ébranchache sur place qui se faisait avant à la tronçonneuse et bien avant à la piole.
le temps de la rusque est bien loin.
L'écorçage est lui aussi mécanisé et se fait soit sur place avec des machines à rotor soit à la scierie sur des outils guidés par scanneur.
il en est de mème pour l'ébranchache sur place qui se faisait avant à la tronçonneuse et bien avant à la piole.
le temps de la rusque est bien loin.
kaïou- Membre trop actif
- Nombre de messages : 6431
Age : 73
Points : 9621
Date d'inscription : 13/02/2007
Alès non
Puisque je fais partie maintenant de l'Histoire, je peux publier quelques vestiges galloromains de cette époque révolue :
Bois de la Roquette Ete 1973:
Deux autres de cette époque où l'ambroisie de vie coulait à flots (1972) :
Pendant plusieurs années je faisais la saison des moissons de Salindre (Alès) jusqu'au Nord Lozère, car comme tout le monde le sait, les céréales mûrissent plus tard en montagne. Mon patron était un rude Lozérien, le Gibelin du Gibertès, la Bédouille qu'on l'appelait. Il avait juste une CLAAS Dominator ou le modèle en dessous je ne me souviens plus.
Il louait une pension chez des paysans près de Salindre où nous dormions avec les autres chauffeurs. Lui, il sillonnait la contrée pour voir les clients et encaisser. Il me donnait 10% soit 10 Francs de l'heure travaillée dans le champ qui était à 100 Francs. Les jours de pluie et le temps que çà sèche je n'étais pas payé.
J'en ai vu des choses extraordinaires pendant ces mois ! Un jour il m'a oublié dans un champ et j'ai pris le risque de rentrer de nuit seul sans voiture devant. Avant les tournant je m'arrêtais presque et j'avançais avec précaution ...
j'ai moissonné près de l'usine de Salindres et je me souviens avoir vu un ruisseau de toutes les couleurs, vous savez de ces belles couleurs chimiques avec lesquelles ont fait de beaux cancers bien colorés.
J'ai moissonné pour une famille de trois générations de femmes célibataires, pour un arabe installé à la campagne qui a payé une heure de moisson pour un champ grand comme un mouchoir de poche où, quand j'ai eu fait à l'envers le premier tour, il ne restait qu'à terminer en un seul passage le maigre bouquet au centre. J'ai versé ensuite les quelques malheureux kilos sur une grande bâche au sol !
Dans la région d'Alès, par belles nuits, c'était parfois non stop chez les gros proprios, et pendant que je coupais, la pastièire me suivait et je ne repliais même pas le bras, je versais en roulant, comme on fait en Beauce. Jours et nuits sans dormir, on rêvait de la pluie !
En Lozère c'est impossible de travailler la nuit car pour ramasser il faut que ce soit sec sinon çà chauffe et çà pourrit et en Lozère il y a toujours de la rosée. A Alès, non.
En une nuit nous montions par la Corniche à plusieurs machines pour rejoindre la région du Massegros. Pour aller plus vite, dans les pentes nous descendions à fond la caisse en débrayant, la machine sautait au rythme des bosses de la route, pus nous reprenions notre course folle à 20-30 à l'heure !
Arrivés sur place, on dormait chez un paysan à la Piguière. Moi j'avais eu droit à un lit dans la chambre de la mémé. Dans le plancher il y avait des trous qui faisaient monter la chaleur et les bonnes odeurs de l'étable. Le matin, ah le bon goût de vache dans la bouche !
On mangeait dans un petit restau en haut de la Piguière dans le tournant, ce qui bien sûr n'existe plus. Le village n'était pas encore relié à l'eau courante. Le problème dans ces parrages c'était l'accès aux champs, souvent limites pour les machines. Il fallait des petits modèles. La concurrence était rude avec les Tarnais qui venaient écumer la Lozère avec leurs machines bleues, des BRAU je crois.
On faisait tous entre le Domal et le Massegros. L'orge, le blé, l'avoine, tout çà n'avait plus de secrets pour moi, d'autant qu'à chaque variété de céréales il fallait changer les grilles de tamisage.
Pour un petit bourgois de Mende, être très près des paysans avec encore un pied dans les XIXème siècle, ce fut pour moi un bon départ dans la vie, un éveil de conscience sur la dureté qu'elle revêt pour tant de gens.
Ce sont des expériences qu'on devrait proposer à tous les jeunes citadins pour se frotter aux réalités de la vie, à la diversité du monde. Je peux dire merci à mes parents qui m'ont laissé faire ces expériences qui m'ont beaucoup enrichi, pas financièrement cependant. J'en ai gardé un sens de la relativité de tout et une aversion pour les économies qui me maintiennent à ce jour encore dans une certaine rusticité de vie !
Bois de la Roquette Ete 1973:
Deux autres de cette époque où l'ambroisie de vie coulait à flots (1972) :
Pendant plusieurs années je faisais la saison des moissons de Salindre (Alès) jusqu'au Nord Lozère, car comme tout le monde le sait, les céréales mûrissent plus tard en montagne. Mon patron était un rude Lozérien, le Gibelin du Gibertès, la Bédouille qu'on l'appelait. Il avait juste une CLAAS Dominator ou le modèle en dessous je ne me souviens plus.
Il louait une pension chez des paysans près de Salindre où nous dormions avec les autres chauffeurs. Lui, il sillonnait la contrée pour voir les clients et encaisser. Il me donnait 10% soit 10 Francs de l'heure travaillée dans le champ qui était à 100 Francs. Les jours de pluie et le temps que çà sèche je n'étais pas payé.
J'en ai vu des choses extraordinaires pendant ces mois ! Un jour il m'a oublié dans un champ et j'ai pris le risque de rentrer de nuit seul sans voiture devant. Avant les tournant je m'arrêtais presque et j'avançais avec précaution ...
j'ai moissonné près de l'usine de Salindres et je me souviens avoir vu un ruisseau de toutes les couleurs, vous savez de ces belles couleurs chimiques avec lesquelles ont fait de beaux cancers bien colorés.
J'ai moissonné pour une famille de trois générations de femmes célibataires, pour un arabe installé à la campagne qui a payé une heure de moisson pour un champ grand comme un mouchoir de poche où, quand j'ai eu fait à l'envers le premier tour, il ne restait qu'à terminer en un seul passage le maigre bouquet au centre. J'ai versé ensuite les quelques malheureux kilos sur une grande bâche au sol !
Dans la région d'Alès, par belles nuits, c'était parfois non stop chez les gros proprios, et pendant que je coupais, la pastièire me suivait et je ne repliais même pas le bras, je versais en roulant, comme on fait en Beauce. Jours et nuits sans dormir, on rêvait de la pluie !
En Lozère c'est impossible de travailler la nuit car pour ramasser il faut que ce soit sec sinon çà chauffe et çà pourrit et en Lozère il y a toujours de la rosée. A Alès, non.
En une nuit nous montions par la Corniche à plusieurs machines pour rejoindre la région du Massegros. Pour aller plus vite, dans les pentes nous descendions à fond la caisse en débrayant, la machine sautait au rythme des bosses de la route, pus nous reprenions notre course folle à 20-30 à l'heure !
Arrivés sur place, on dormait chez un paysan à la Piguière. Moi j'avais eu droit à un lit dans la chambre de la mémé. Dans le plancher il y avait des trous qui faisaient monter la chaleur et les bonnes odeurs de l'étable. Le matin, ah le bon goût de vache dans la bouche !
On mangeait dans un petit restau en haut de la Piguière dans le tournant, ce qui bien sûr n'existe plus. Le village n'était pas encore relié à l'eau courante. Le problème dans ces parrages c'était l'accès aux champs, souvent limites pour les machines. Il fallait des petits modèles. La concurrence était rude avec les Tarnais qui venaient écumer la Lozère avec leurs machines bleues, des BRAU je crois.
On faisait tous entre le Domal et le Massegros. L'orge, le blé, l'avoine, tout çà n'avait plus de secrets pour moi, d'autant qu'à chaque variété de céréales il fallait changer les grilles de tamisage.
Pour un petit bourgois de Mende, être très près des paysans avec encore un pied dans les XIXème siècle, ce fut pour moi un bon départ dans la vie, un éveil de conscience sur la dureté qu'elle revêt pour tant de gens.
Ce sont des expériences qu'on devrait proposer à tous les jeunes citadins pour se frotter aux réalités de la vie, à la diversité du monde. Je peux dire merci à mes parents qui m'ont laissé faire ces expériences qui m'ont beaucoup enrichi, pas financièrement cependant. J'en ai gardé un sens de la relativité de tout et une aversion pour les économies qui me maintiennent à ce jour encore dans une certaine rusticité de vie !
Invité- Invité
Re: Pétrole nos portes monnaie flambent
Tu devrais écrire un bouquin sur la Lozère loulou .
Tu es un tres bon narrateur mais surtout une mémoire vivante pour cette région.
millou- Membre trop actif
- Nombre de messages : 2482
Points : 7676
Date d'inscription : 17/02/2007
Re: Pétrole nos portes monnaie flambent
N'exagérons rien, nous sommes tous ensemble la mémoire vivante de milliers d'expériences de vie toutes aussi intéressantes les unes que les autres. Sur le forum on ne fait que des témoignages courts, assez décousus, des instantanés pas toujours très élaborés ni bien tournés. L'écriture çà se travaille et c'est vrai que quand on aime écrire, il faut y travailler sérieusement, ce dont on n'a pas trop le temps en général pendant la vie active. Peut-être plus tard certains parmi nous écriront ils des choses plus élaborées pour avoir pris goût à partager sur ce site ?
Merci en tous cas pour tes encouragements !
Merci en tous cas pour tes encouragements !
Invité- Invité
Re: Pétrole nos portes monnaie flambent
[quote="Loulou Gé"]Mon patron était un rude Lozérien, le Gibelin du Gibertès, la Bédouille qu'on l'appelait. Il avait juste une CLAAS Dominator ou le modèle en dessous je ne me souviens plus.
toi aussi tu as bossé pour ce pèlerin!as tu connu un gars des Salelles à coté de chanac qui bossait pour lui et qui avait partagé le volant avec moi durant une saison.
- Code:
toi aussi tu as bossé pour ce pèlerin!as tu connu un gars des Salelles à coté de chanac qui bossait pour lui et qui avait partagé le volant avec moi durant une saison.
kaïou- Membre trop actif
- Nombre de messages : 6431
Age : 73
Points : 9621
Date d'inscription : 13/02/2007
Re: Pétrole nos portes monnaie flambent
Je reviens sur ce que tu expliquais kaiou à savoir le travail de jour à cause de la rosée, bien depuis quelques années mon voisin moissonne la nuit de peur de mettre le feu, ça lui est arrivé déjà plusieurs fois.
Piboule- Faites la taire !
- Nombre de messages : 12225
Points : 10879
Date d'inscription : 13/02/2007
Re: Pétrole nos portes monnaie flambent
Renée a écrit:Je reviens sur ce que tu expliquais kaiou à savoir le travail de jour à cause de la rosée, bien depuis quelques années mon voisin moissonne la nuit de peur de mettre le feu, ça lui est arrivé déjà plusieurs fois.
non renée,c'est loulou qui explique cela.
Au fait,loulou,c'était quoi comme marque ce petit outil de débardage?cournil?unimog?
kaïou- Membre trop actif
- Nombre de messages : 6431
Age : 73
Points : 9621
Date d'inscription : 13/02/2007
Re: Pétrole nos portes monnaie flambent
Au fait,loulou,c'était quoi comme marque ce petit outil de débardage?cournil?unimog?
On dirait bien un Unimog 401
Re: Pétrole nos portes monnaie flambent
La protection de l'environnement comprend aussi sa part d'effet de mode jusqu'à ce qu'elle redevienne réalité.
Un de mes amis dirige une entreprise d'entretien d'espaces verts.
Il m'a dit avoir recommencé récemment à utiliser les services d'un débardeur et de ses chevaux colossaux, percherons et ardennais...
Il est très satisfait du travail effectué, de la précision que le débardeur obtient de son cheval dans les trajectoires et du fait qu'aucune configuration défavorable du terrain ne l'arrête!
Comme quoi...
Un de mes amis dirige une entreprise d'entretien d'espaces verts.
Il m'a dit avoir recommencé récemment à utiliser les services d'un débardeur et de ses chevaux colossaux, percherons et ardennais...
Il est très satisfait du travail effectué, de la précision que le débardeur obtient de son cheval dans les trajectoires et du fait qu'aucune configuration défavorable du terrain ne l'arrête!
Comme quoi...
Fraissinet- Membre trop actif
- Nombre de messages : 2190
Age : 124
Points : 8819
Date d'inscription : 03/03/2007
Re: Pétrole nos portes monnaie flambent
millou a écrit:
Tu devrais écrire un bouquin sur la Lozère loulou .
Tu es un tres bon narrateur mais surtout une mémoire vivante pour cette région.
Je m'associe complètement à ce propos, notamment sur la qualité de l'écriture, qui demande certes du travail, mais qui donne tant de plaisir à ceux qui lisent...
Fraissinet- Membre trop actif
- Nombre de messages : 2190
Age : 124
Points : 8819
Date d'inscription : 03/03/2007
Re: Pétrole nos portes monnaie flambent
Fraissinet a écrit:millou a écrit:
Tu devrais écrire un bouquin sur la Lozère loulou .
Tu es un tres bon narrateur mais surtout une mémoire vivante pour cette région.
Je m'associe complètement à ce propos, notamment sur la qualité de l'écriture, qui demande certes du travail, mais qui donne tant de plaisir à ceux qui lisent...
Et ben je ne rajouterais qu'une chose : pareil
Re: Pétrole nos portes monnaie flambent
cilaos a écrit:Au fait,loulou,c'était quoi comme marque ce petit outil de débardage?cournil?unimog?
On dirait bien un Unimog 401
Oui,en plus chez cournil,ils n'avaient pas de plieuses pour faire des arrondis comme les ailes de l'unimog 401
kaïou- Membre trop actif
- Nombre de messages : 6431
Age : 73
Points : 9621
Date d'inscription : 13/02/2007
Re: Pétrole nos portes monnaie flambent
le cournil ca me rapelle ma jeunesse quand je travaillais aux service espaces verts de saint chely !!!!!;que c'est tape cul en tout terrain !!
totoke- Membre actif
- Nombre de messages : 991
Age : 48
Points : 7106
Date d'inscription : 21/02/2007
Re: Pétrole nos portes monnaie flambent
totoke a écrit:le cournil ca me rapelle ma jeunesse quand je travaillais aux service espaces verts de saint chely !!!!!;que c'est tape cul en tout terrain !!
les cournil etaient montés sur des bases,chassis,ponts,suspensions et boites de M38 A1 qui effectivement pouvaient secouer;par contre question soliditée,c'était du costaud.
kaïou- Membre trop actif
- Nombre de messages : 6431
Age : 73
Points : 9621
Date d'inscription : 13/02/2007
Re: Pétrole nos portes monnaie flambent
et un moteur de camion saviem !! mais 60 km /h a fond !!!
totoke- Membre actif
- Nombre de messages : 991
Age : 48
Points : 7106
Date d'inscription : 21/02/2007
Re: Pétrole nos portes monnaie flambent
totoke a écrit:et un moteur de camion saviem !! mais 60 km /h a fond !!!
Il y a eu deux modèles de moteur saviem équipant les cournil,le 720D ET LE 817 ESS;ceux ci faisant partie d'une saga de motorisations dont le plus répandu fut l'indenor.
Sa faible vitesse n'était pas due au moteur mais à l'étagement des boites.Faut pas oublier que c'était avant tout un engin de travail,il se dénommait:tracteur cournil et certains modèles pour avoir la taxation agricole voyaient leurs boites bloquées à 37km/H.
kaïou- Membre trop actif
- Nombre de messages : 6431
Age : 73
Points : 9621
Date d'inscription : 13/02/2007
Page 2 sur 2 • 1, 2
Page 2 sur 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum